« Cette carte bancaire utilisable dès l'âge de 12 ans, c'est vraiment n'importe quoi. Dans la pyramide des besoins d'un adolescent, la priorité est l'éducation, la construction de son être, pas la consommation. » Éric Taufflieb est vice-président de l'association force ouvrière des consommateurs (AFOC) de Côte-d'Or.
« Je suis totalement contre cette mesure. Je n'y vois que des aspects particulièrement négatifs et pervers. C'est encore un nouveau moyen de plus afin de faire rentrer les jeunes enfants dans une démarche de consommation absolue, juge-t-il. Que les banques récupèrent ainsi le marché des enfants, ça me révolte. Les enfants ne devraient pas constituer un marché pour les banques. Cette carte bancaire met directement les jeunes adolescents en position de consommer toujours plus, toujours plus jeune. Entre 12 et 17 ans, on leur demande déjà de dépenser l'argent qu'ils n'ont pas car ils ne travaillent pas. Pour leur avenir, cette carte constitue une véritable drogue par accoutumance. On les imagine très bien à 20 ans avec une tripotée de cartes de crédits. »
La carte bancaire a été déclinée en quatre visuels différents : un jaune, un rose, un bleu et un noir. Une décision qui est loin de laisser insensible le vice-président de l'AFOC.
« La carte devient un jeu »
« C'est vraiment n'importe quoi, s'insurge-t-il. On fait dans le flashy, dans le voyant. La carte bancaire devient un jeu. »
« Je pense aussi que ce nouveau moyen de paiement pour les jeunes a pour conséquence que l'on fait une génération qui achète sans forcément réfléchir au prix, à la qualité, à la marque. Acheter sans regarder les montants est rendu tellement facile. L'enfant n'a pas forcément le contrôle de la réalité de sa consommation. »
Plus encore, Éric Taufflieb voit dans cette nouvelle carte bancaire un certain nombre d'effets pervers. « Il y a déjà assez de gens qui se font voler ou racketter, ceci aussi bien chez les personnes âgées que dans les autres tranches d'âges, ça n'est pas la peine d'en rajouter. »
Propos recueillis par V. L. dans le Bien Public du lundi 4 juin 2007
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