L'Union Départemental FO 21 2 rue Romain Rolland 21000 Dijon vous informe :
EADS
Le sommet franco-allemand consacré à la
«gouvernance» d’EADS aurait-il accouché d’une souris? C’est le sentiment des syndicats d’Airbus après l'accord Sarkozy-Merkel lundi sur un nouvel organigramme de la direction du groupe
d’aéronautique et de défense, dont dépend l’avionneur européen. Devant prendre effet le 1er octobre prochain, cet accord scelle la fin de la structure bicéphale qui voyait chaque poste de
direction partagé systématiquement entre les Français et les Allemands. Et que d’aucuns accusaient d'être à l'origine des déboires industriels de l'A380.
Dans la future organisation dite «monocéphale» présenté lundi à l’issue du sommet franco-allemand, l’actuel coprésident exécutif allemand d’EADS Tom Enders prendra la tête d'Airbus, en
remplacement du Français Louis Gallois qui lui deviendra président exécutif d'EADS. Par ailleurs, Rüdiger Grube (PDG de Daimler) ne partagera plus la présidence du conseil d'administration d’EADS
avec son homologue français Arnaud Lagardère, PDG du groupe privé éponyme. Ce dernier ne siègera donc plus à la direction de ce conseil. Pour ménager les susceptibilités nationales qui n’ont pas
disparu, il est prévu également que ces trois postes clefs devront changer de «nationalité» tous les cinq ans.
Pour Jean-François Knepper, délégué syndical central FO-Airbus, «on a fait beaucoup de bruit pour rien. On a pris les cartes et on les a redistribuées (…) Il y a toujours un Allemand et un
Français. La dualité existera toujours. C'est un changement quelconque. Ce ne sont pas des nominations mais des renominations. On prend les mêmes et on recommence, mais cela «ne réglera en rien
les luttes de pouvoir et d'influence qui vont continuer d'exister». Il déplore désormais le non-respect par Nicolas Sarkozy de sa promesse électorale de renégocier un autre pacte d'actionnaires
où l'Etat français (15% du capital) serait mieux représenté au sein du groupe. Dans la nouvelle organisation, Arnaud Lagardère restera notamment le représentant exclusif des intérêts de
l'actionnariat français au sein d’EADS alors même qu’il a décidé de se désengager progressivement du capital du groupe pour plus ne détenir à terme que 7,5% des titres d’EADS. De même la question
d'une éventuelle augmentation de capital n'a pas été mise lundi sur la table.
Au-delà de la modification de l’organigramme et de ces querelles de pouvoir, «c’est de savoir maintenant ce que nos dirigeants comptent faire», estime Jean-François Knepper avant de souligner que
les syndicats n’ont pas obtenu de réponses sur «les vraies décisions» concernant Airbus, à savoir sur le plan «Power 8» qui prévoit notamment des cessions de sites industriels, 10.000
suppressions d’emplois sur 4 ans et un recours accru à la sous-traitance. «On aurait aimé entendre: "on vient de mettre en place une nouvelle gouvernance, nous suspendons Power8 pour repartir sur
de nouvelles bases"», regrette ainsi le représentant CFDT Pierre-Henri Coat. Et «dans la mesure où il n'y a pas de décision prise pour revenir à une politique industrielle», selon son homologue
de la CGT Xavier Petrachi, «les problèmes vont perdurer».
N’ayant pas renoncé à obtenir le retrait de « power8», la plupart des syndicats français d’Airbus doivent se retrouver maintenant à la rentrée avec leurs homologues européens pour décider d’une
nouvelle journée d’actions, dont le principe a été acté le 3 juillet dernier. Les dirigeants d’EADS, quel que soit leur responsabilité ou leur nationalité, devront encore faire face à l’hostilité
des salariés à ce plan de déstructuration de leur entreprise.
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