Manifestat |
Les grèves à la SNCF, à la RATP, à EDF et GDF s’annonçaient massives. Elles l’ont été bien au delà des prévisions les plus optimistes. Pour cette journée de défense des retraites, les taux de
grévistes ont ainsi atteint ou dépassé ceux de 1995, au plus fort de la contestation contre le plan Juppé. Avec près de 74% de grévistes à la SNCF, selon la direction, entre 80 et 90%, selon les
syndicats, le taux moyen de mobilisation est largement supérieur au chiffre de 1995 (environ 67%). Même constat à la RATP où le mouvement a été suivi par environ 60% des agents. D’où un trafic
nul ou quasi-nul sur les deux réseaux pendant toute la journée.
A EDF et GDF, on a recensé plus d’un agent en grève sur deux (51,9% EDF et 53,3% à GDF, selon les directions). Entre 70 et 90% dans les deux entreprises, selon les syndicats. Pour les autres
catégories professionnelles concernées par la réforme de leurs régimes de retraite, la grève a été tout aussi considérable, 80% de grévistes à l’Opéra de Paris et une grève «sans équivalent
depuis 10 ans» à la Comédie Française, selon la direction du théâtre. Dans les autres secteurs où des syndicats avaient appelé également à mobilisation sur des revendications spécifiques (voir
notre article du 18 octobre), on a enregistré des taux de grévistes allant jusqu’à 30%. Du coup plus de 300.000 personnes, selon les syndicats, moitié moins, selon la police ont pu participer aux
quelque 60 défilés organisés dans toute la France, les plus fournis s’étant déroulés à Paris avec 30.000 manifestants et à Marseille avec 50.000 participants.
Un succès incontestable, dont se sont félicités les syndicats avant d’appeler le gouvernement à reconsidérer au plus vite ses positions. Présent aux côtés des manifestants parisiens pour soutenir
les fédérations et les syndicats de son organisation, Jean-Claude Mailly (FO) a averti le gouvernement que «la grogne et le mécontentent sont si forts que le gouvernement ferait bien d’en tenir
compte en ouvrant bien grand ses oreilles, notamment sur le passage à 40 années de cotisation qui ne passent pas auprès des salariés». Il a dit espérer que «Xavier Bertrand, ministre du Travail,
aura quelque chose à proposer pour sortir de ces postions gouvernementale idéologiques». Pour son homologue de la CGT, qui a également défilé à Paris, «le ministre du Travail, Xavier Bertrand, a
laissé entendre qu'il allait y avoir de nouveaux rendez-vous avec les organisations syndicales». La CGT «espère que c'est un rendez-vous conçu avec de réelles marges de négociation et non un
rendez-vous destiné à nous réexpliquer une réforme avec laquelle nous sommes en désaccord». Selon Annick Coupé (Solidaires), «le gouvernement veut liquider les régimes spéciaux pour préparer le
rendez-vous sur les retraites de 2008 et faire passer tout le monde à 41 ans voire 42» Il faudra des suites à cette mobilisation», a-t-elle déclaré.
A la SNCF et à RATP, ces suites sont débattues depuis hier en assemblées générales et se poursuivront vendredi. Chez les cheminots, nombre d’entre elles ont été conduites à l'initiative de FO, de
SUD Rail. La FGAAC (conducteurs), qui, jusqu'à hier soir appelait à la reconduction du mouvement, a décidé de s'en retirer. Cependant, la grève a été votée dans les trois quarts des AG ayant eu
lieu hier, notamment à Paris, Lyon et Marseille. Même constat à la RATP où 40 dépôts de bus sur 46 ont voté la grève pour aujourd’hui. Les directions des deux entreprises ont confirmé que le
trafic sera de nouveau très perturbé pour la journée sur l’ensemble de son réseau.
Face à sa première épreuve sociale, Nicolas Sarkozy est resté silencieux sur ce sujet.
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