'UIMM s'explique, pour la première fois, juste
avant le conseil exécutif du Medef, lundi 15 octobre, où le sort de son président, Denis Gautier-Sauvagnac devrait être évoqué.
Dans un entretien au Monde, Daniel Dewavrin, qui présida de 1999 à 2006 l'Union des industries et des métiers de la métallurgie et aujourd'hui président d'honneur de
la fédération patronale, convient que les retraits en liquide ont toujours existé.
Avec François Ceyrac, ancien président de l'UIMM (1969-1973) et du CNPF et Arnaud Leenhardt, président de l'Union patronale de 1992 à 1999, il réaffirme son soutien à M.
Gautier-Sauvagnac.
S'il assure que ces fonds proviennent de contributions volontaires et légales d'entreprises membres de l'UIMM, Daniel Dewavrin indique que ces versements avaient pour but de
"fluidifier les relations sociales".
A ce jour, au moins 17 millions d'euros ont été identifiés par la brigade financière et le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire.
Que savez-vous de ces retraits en liquide ?
Avant toute chose, les anciens présidents de l'UIMM, François Ceyrac, Arnaud Leenhardt et moi-même, nous confirmons notre totale confiance en Denis Gautier-Sauvagnac. A un
moment où cette institution fait l'objet d'accusations graves, mais qui nous apparaissent infondées, je voudrais rétablir la vérité.
Ce que l'on prétend découvrir aujourd'hui, n'est pas un mystère pour tout le monde, c'est même assez largement connu. Ce qui frappe l'opinion publique, j'en ai pleinement
conscience, c'est l'importance des sommes en jeu. A ma connaissance, il s'agit de retraits de l'ordre de 17 millions d'euros, soit environ 2 millions d'euros par an.
D'où proviennent ces fonds ?
Cet argent est constitué par des cotisations volontaires et supplémentaires, il ne s'agit en aucun cas des cotisations annuelles des adhérents. Au-delà de leurs cotisations
normales, ces adhérents, uniquement des entreprises, versaient d'autres cotisations, dûment déclarées – et pas en espèces – sur un compte bancaire, pour contribuer à la
mission de l'UIMM. Ces sommes n'ont absolument rien d'occulte, ce n'est pas de l'argent sale, et les retraits eux-mêmes n'ont rien non plus d'occulte.
Les contributeurs étaient-ils des constructeurs automobiles pour l'essentiel ?
Pas pour l'essentiel, n'importe quel adhérent pouvait contribuer. Faurecia que j'ai eu le privilège de présider pendant des années, a été l'un d'entre-eux.
Ces retraits de 2 millions d'euros par an existent-ils depuis la fondation de l'UIMM, en 1901 ?
On peut penser qu'autrefois, c'était même beaucoup plus. Je voudrais d'abord rappeler que retirer de l'argent d'un compte qui vous appartient, même en espèces, n'est en rien
illicite. Par ailleurs, il n'y a pas d'obligation comptable pour l'UIMM qui est une organisation syndicale, soumise à la loi Waldeck-Rousseau de 1884.
Cette loi a pour objet d'assurer l'indépendance des organisations syndicales. Nous sommes donc dans un cadre juridique délibérément souple et peu contraignant, ce qui nous
permet de conclure très clairement que ces retraits en espèces ne sont pas des infractions.
Il est clair qu'il s'agit d'un système, lié au fonctionnement de l'UIMM en particulier et à la liberté syndicale en général. Ce n'est donc en rien une question de personne, M.
Gautier-Sauvagnac n'est pas celui qui a mis en place ce système, cela existait bien avant lui.
Personne ne remet en cause l'intégrité personnelle de Denis Gautier-Sauvagnac. J'en suis intimement convaincu. Si j'avais eu le moindre doute, en tant que président, j'aurai
immédiatement tiré les conséquences. Le bureau de l'UIMM lui a d'ailleurs renouvelé sa confiance dès le début de l'affaire. Enfin, statutairement, ces retraits entrent tout à
fait dans les missions et dans l'objet social de l'UIMM.
Vous-même, étiez-vous au courant et avez-vous retiré de l'argent en liquide ?
Ces opérations sont réalisées dans un cadre institutionnel dans lequel le président n'a d'ailleurs pas la signature. Je n'avais donc pas à intervenir. Mais comme tous mes
prédécesseurs, j'étais en parfaite symbiose avec le délégué général.
M. Gautier-Sauvagnac a indiqué que cet argent servait à "fluidifier les relations sociales"…
Je ne peux que confirmer ses termes. Mais dans l'état actuel du dossier, des explications précises seront réservées aux enquêteurs. Je le répète, en aucune manière, Denis
Gautier-Sauvagnac n'en a tiré un profit personnel.
Cet argent était-il destiné aux syndicats ?
Comme je viens de vous le dire, l'emploi de ces fonds était fait dans le respect de l'objet social de l'UIMM.
Il est clair que les temps ont changé, ces pratiques doivent donc cesser. Les organisations syndicales doivent aussi changer, c'est la voie dans laquelle l'Union s'est
engagée.
Denis Gautier-Sauvagnac travaille à un plan d'adaptation de l'UIMM qu'il présentera dans les prochaines semaines. Nous sommes par ailleurs partisans d'une réforme de la loi de
1884 pour assurer la transparence de la vie sociale.
Faut-il réformer le financement des syndicats comme il a fallu repenser le financement des partis politiques ?
A titre personnel, c'est ma conviction.
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