[SOURCE LES ECHOS du 08/11/07]
Plusieurs témoignages de la CGC font état de détournements au profit de Medef territoriaux.
L'organisation patronale dément.
Les fédérations professionnelles sont de plus en plus nombreuses à réclamer à Laurence Parisot une action d'envergure.
Le Medef n'échappera pas à une réforme profonde de ses structures après l'affaire UIMM.
Car si le dossier avance à pas comptés du côté de la justice - aucun juge n'a encore été désigné et aucune audition n'a eu lieu, six semaines après la révélation des
détournements de fonds de la métallurgie -, l'agacement gagne chez de nombreux responsables patronaux.
Plusieurs grands capitaines d'industrie ont appelé Laurence Parisot pour lui demander une action d'envergure, rejoignant ainsi les patrons des services, banque et assurance en tête.
La présidente du Medef, qui rentre ce matin d'un déplacement aux Etats-Unis avec Nicolas Sarkozy, a désormais « le blanc-seing des principaux présidents de fédération » pour prendre
une initiative ambitieuse, confie l'un de ses amis.
Dès lundi prochain ?
Ce jour-là, le conseil exécutif doit entériner un simple toilettage des statuts pour obliger les adhérents à présenter des comptes certifiés. « Il faut aller plus loin et tout remettre à
plat le plus vite possible », estime un proche de la présidente.
« Confusion des genres »
Hier, la pression est encore montée d'un cran à propos, cette fois, de la médecine du travail.
Cités par France Inter et rue89.com, plusieurs syndicalistes CGC affirment que des antennes régionales et départementales du Medef utilisent les cotisations destinées à la santé des salariés
pour payer leurs locaux, leurs permanents ou des notes de frais.
« Il y a parfois confusion des genres », reconnaît un président de Medef territorial interrogé par « Les Echos ».
« Ça a toujours été une source de revenus pour beaucoup de monde », avoue un autre.
Officiellement pourtant, le Medef dément, arguant de l'accord interprofessionnel de septembre 2000 sur la santé au travail pour rappeler que les comptes de la
médecine du travail sont certifiés et que les syndicats siègent dans les instances.
« Ces dispositions ont été transposées dans la réglementation par décret en 2004 », souligne Jean-René Buisson, président de la commission protection sociale.
Par ailleurs, en mai 2001, une recommandation interne du Medef a attiré l'attention sur « l'indépendance des organismes périphériques » que sont la médecine du travail, la formation
professionnelle ou les prud'hommes.
« Nous n'avons aucun moyen de savoir ce qui se passe dans ces organismes », souligne Hugues-Arnaud Mayer, président de la commission développement des territoires.
Dans un communiqué, l'UPA a dénoncé hier « la confusion et le discrédit » ainsi jeté sur les partenaires sociaux. L'organisation souhaite que l'accord de 2001 sur le dialogue social dans l'artisanat, déjà signé par les cinq confédérations syndicales et « légitimé à trois reprises » par la justice, soit enfin accepté par le Medef et la CGPME, afin de mettre en place un financement transparent pour tout le monde.
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