REPRISE (PROVISOIRE?) DU TRAVAIL
Premiers sortis, derniers rentrés. Au Guilvinec,
(Finistère) d’où était parti le mouvement de grève lié à la flambée du prix du gazole, les pêcheurs bretons ont décidé hier de repartir en mer après leurs homologues du Calvados, de la Manche ou
de Loire-Atlantique…. La reprise du travail a été votée d’une courte tête à l'issue d'une assemblée générale pas vraiment convaincue par les mesures promises mercredi par Michel Barnier, ministre
de l'Agriculture et de la Pêche.
Outre la mise en œuvre des exonérations des charges sociales et la modernisation de la flottille, dispositions annoncées mardi (voir notre article du 7 novembre), le gouvernement a pris
l’engagement de garantir une rémunération mensuelle minimale. «La rémunération des marins-pêcheurs doit être sécurisée sans remettre en cause le principe de la rémunération à la part. Un groupe
de travail (...) examinera les possibilités d'assurer le lissage de la rémunération sur tout ou partie de l'année, mais également de prévoir le versement d'une rémunération minimale mensuelle»,
indique le relevé de décision du ministère. Sauf que «c’est déjà dans la réglementation qui n’est pas respectée par les armateurs. Va-t-on faire une loi pour faire appliquer la loi?», se demande
Marc Hébert (UD-FO du Finistère).
Autre engagement gouvernemental: «parvenir, avant la fin de l'année 2007, à un mécanisme durable de compensation des surcoûts du gazole qui assure un seuil de rentabilité satisfaisant pour les
entreprises de pêche». Son objectif sera « de compenser le surcoût supporté par les entreprises au-delà de 30 centimes d'euros le litre de gazole en moyenne annuelle (seuil au-delà duquel la
pêche artisanale n’est pas rentable, NDLR)». Ce «mécanisme devra veiller à ne pas pénaliser le consommateur et devra être établi en concertation avec la Commission européenne», précise le
document ministériel. Autant dire que cette mesure n’est pas prête de voir le jour. Un dispositif similaire (Fonds de prévention des aléas pêche ou «fonds gazole), qui permettait aux pêcheurs de
payer le carburant moins cher, avait été supprimé car jugé incompatible avec les règles européennes (voir notre article du 6 novembre 2007).
La Commission de Bruxelles sur la foi d’éléments en sa possession a estimé hier après-midi que le mécanisme présenté mercredi aux pêcheurs s'apparentait à une aide d'Etat illégale du point de vue
communautaire. Selon la porte-parole de la Commission chargée des dossiers de la pêche, Mireille Thom, les aides publiques ne sont possibles «que dans certaines conditions, dans le cadre de plan
de sauvetage et de restructuration des entreprises en difficulté». Et elle ajoute que le meilleur moyen de réagir à cette crise «n'est pas de donner des subventions mais de s'attaquer aux
problèmes de fond» et donc de s'atteler à «la restructuration du secteur de la pêche».En clair, la commission n’autorise des aides que si c’est pour couler des bateaux. Le mouvement des pêcheurs
s’est arrêté mais il pourrait vite reprendre si les mesures annoncées ne sont pas mises en œuvre... en tout cas au Guilvinec où la tension reste vive.
Commenter cet article