Pouvoir d’achat
Les syndicats de fonctionnaires ont donné au gouvernement jusqu’au 30 novembre pour engager des négociations salariales.
Sinon, ils remobiliseront début décembre.
FO se prépare à un mouvement plus large sur les salaires dans le public et le privé.
Mépris et
compassion.
Au congrès des maires de France réuni depuis mardi à Paris, le Premier ministre François Fillon s’est dit hier conscient du «mal-être des fonctionnaires qui ont le sentiment d'être insuffisamment
valorisés par la société». Pour le remède, sa conviction reste que «le non-remplacement d'un départ à la retraite sur deux est la seule façon de redonner du pouvoir d'achat aux fonctionnaires et
de redonner des marges de manœuvre à l'Etat».
Un discours en décalage avec les fonctionnaires.
L’ensemble des organisations syndicales de la Fonction publique «exigent» toujours l’ouverture immédiate de négociations salariales.
Fortes du succès de la mobilisation du 20 novembre (voir notre article du 21 novembre), les huit fédérations de fonctionnaires (CGT, FO, CFDT, CGC,
CFTC et autonomes) ont en effet réitéré mercredi soir «leur exigence d'une négociation immédiate» notamment sur le pouvoir d'achat et les effectifs.
«Le gouvernement ne doit pas tergiverser», ont-elles affirmé, notamment sur «le rattrapage des pertes de pouvoir d'achat » qu'ils chiffrent désormais à près de 7% depuis 2000.
Outre le pouvoir d’achat, les fonctionnaires avaient également défilé mardi contre les 22.900 suppressions de postes programmées pour 2008, et pour la défense du service public. Ils ont par
ailleurs exprimé leur hostilité à la volonté gouvernementale d'instaurer «une rémunération individualisée» faisant fi de leur statut, et d'introduire des contrats de droit privé dans la fonction
publique.
Les syndicats ont demandé «une première séance de négociation avant le 30 novembre», faute de quoi, ils «décideront d'amplifier la mobilisation par une nouvelle action commune dès le début
décembre 2007».
Et ils n’excluent d’appeler alors à une nouvelle journée de grève.
Le pouvoir d’achat des Français en général devait être la grande affaire du candidat Nicolas Sarkozy.
Or, comme l’a rappelé jeudi le leader de FO, Jean-Claude Mailly, dans le public, «celui qui détient la clé, c'est le gouvernement, c'est lui le patron. Qu'il ouvre, comme le
demandent les fédérations de fonctionnaires», ces négociations sur les salaires «au moins pour 2007». Parmi les mesures que devrait prendre le gouvernement pour améliorer le pouvoir d'achat dans
le privé, il a estimé que la priorité est de «débloquer la situation sur les augmentations de salaires» en conditionnant «les exonérations de cotisations patronales à l'existence d'accords de
salaires, pas simplement au respect de l'obligation annuelle de négocier». Sur la question du pouvoir d'achat, «j'ai un mandat, si ça ne bouge pas, pour une mobilisation public-privé», a prévenu
Jean-Claude Mailly, sans préciser «pour le moment» de date.
A l’Elysée, on prend, paraît-il, le problème du pouvoir d’achat à bras le corps.
Mais, les mesures se font attendre et celles qui semblent envisagées ne sont pas vraiment à la hauteur des attentes.
Entre autres pistes évoquées figurent une défiscalisation du 13e mois, une hausse de la prime à l'emploi et une «prime à la casse» pour les véhicules ou encore un déblocage anticipé de l'épargne
salariale dans les entreprises (17% des ménages concernés par ce dispositif, selon l’INSEE).
A en croire la présidente du MEDEF, Laurence Parisot, certains ministres réfléchiraient aussi à sa proposition de «suppression de la durée légale du travail» pour augmenter «la quantité de
travail et de productivité».
Selon elle, cette suppression rendrait «les choses beaucoup plus simples en balayant tous ces mécanismes très complexes, et en revenant à la détermination du seuil de déclenchement des heures
supplémentaires, branche par branche, ou entreprise par entreprise».
Et pour Mme Parisot, «supprimer la durée du travail, ce n'est certainement pas tomber dans je ne sais quelle forme d'esclavagisme».
En écho peut-être aux déclarations de la patronne des patrons, le Premier ministre, François Fillon, a prévenu que «la France ne distribuera plus de richesses aux Français que si elle est capable
d'en produire plus».
Le régime fiscal spécial des foyers les plus riches, lui, a de beau jour devant lui.
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