Les caisses sont vides, Nicolas !!!
les propositions du chef de l’Etat sont allées droit au cœur des employeurs.
Les salariés, eux, restent condamnés à «bosser» toujours plus.
L’intervention sur le
pouvoir d’achat de Nicolas Sarkozy était très attendue des salariés mais ce sont les employeurs qui ont été servis jeudi, à l’heure du dîner, par le locataire de l’Élysée devant les caméras de
France-2 et TF1.
Et plutôt bien servis!
Ainsi, les patrons pourraient à l’avenir «s'exonérer des 35 heures, s'il y a accord majoritaire entre le chef d'entreprise et les syndicats, en échange d'augmentation de salaires». a déclaré M.
Sarkozy.
Ils pourraient également racheter aux salariés les jours de RTT placés sur les comptes épargne-temps. Dans les entreprises de moins de 50 salariés où il n’existe pas de dispositif de
participation ou d’intéressement, les employeurs auront la possibilité de verser des primes aux salariés qui «puissent être défiscalisées de cotisations sociales».
L’élargissement du travail le dimanche – à condition que les salariés soient «payés le double» et sur la base du «volontariat» – est par ailleurs à l’ordre du jour.
Quant aux salaries, ils sont condamnés à «bosser plus ou attendre que les prix baissent», comme l’a relevé FO.
Outre la «monétarisation» des RTT, ils sont
appelés à se contenter d’heures supplémentaires décotisées et défiscalisées et de la possibilité de débloquer leur épargne salariale à hauteur de 10.000 euros. Des dispositifs qui ne pourront in
fine concernés qu’une minorité d’entre eux.
Les autres attendront la remise en cause «des allègements de charges dans les branches où il n'y a pas de négociations salariales» et le résultat des pressions des pouvoirs publics sur les prix
dans la grande distribution ou l’indexation des loyers sur l’indice des prix, promises sans plus de précisions.
Pour la fonction publique, le chef de l’Etat s’est prononcé pour une majoration des heures supplémentaires équivalente à celle du secteur privé, soit 25% et des «négociations pour régler la
question des stocks d'heures supplémentaires non payées» des fonctionnaires et des agents hospitaliers.
Le Premier ministre François Fillon a annoncé dimanche soir deux textes de loi pour mettre en application au plus vite la plupart de ces mesures.
Il n’y a là «aucune mesure concrète et immédiate (…) pour les salariés, qu’il s’agisse du Smic ou de l’ouverture de vraies négociations dans la fonction publique ou encore de la mise en place effective du chèque transport», selon FO, qui a dénoncé jeudi soir «les mesures visant à la "monétarisation" des jours de RTT ou du compte épargne-temps (qui) constituent une remise en cause de la durée légale du travail».
Pour la confédération, «ce que les entreprises pourront payer en la matière, elles pourraient tout aussi bien le consacrer aux augmentations de salaire, ce qui semble aujourd’hui une incongruité» (voir communiqué).
Selon la CGT, «l'essentiel des mesures annoncées consiste à inviter les salariés à puiser dans leurs économies, en tout cas pour ceux qui en ont, dans leurs comptes épargne-temps, dans leurs RTT, dans leurs heures supplémentaires, pour éventuellement améliorer l'ordinaire».
A la CGC, on s’en est pris en particulier au déblocage de l’épargne salariale qu’elle a assimilé à «une technique de pickpocket», parce qu’«on laisse entendre aux Français qu'on va leur donner du pouvoir d'achat en plus, mais en fait (…) on les autorise à piquer dans leur épargne pour se donner ce pouvoir de consommation».
La CFDT s’est dite déçue tandis que la CFTC est restée sur sa faim.
Les mesures Sarkozy, c’est surtout du pain béni pour le MEDEF.
«Beaucoup de chefs d'entreprise se sont sentis soutenus par le Président de la République (…). Il a su mettre en évidence le lien entre quantité de travail, durée du travail, emploi et expansion économique», s’est empressée de se féliciter sa présidente Laurence Parisot. L’intervention élyséenne a été si appréciées dans les rangs de l’organisation patronale qu’elle a été retranscrite et distribuée vendredi à la presse lors de la dernière séance de négociations sur le marché du travail.
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