Les vœux présidentiels
délivrés hier au patronat, aux syndicats et aux associations ont changé de nom. Après les «vœux aux Forces vives», place aux «vœux aux Forces de la Nation». Ainsi, en a décidé Nicolas Sarkozy. Et
c’est bien la seule nouveauté. Car, sur le fond, il s’inscrit dans le raisonnement économique et social qui a dominé cette décennie, comme l’ont déploré les dirigeants syndicaux. La rupture a
fait long feu. En tout cas sur la question du pouvoir d’achat. Un virage à 180 degrés qu’il avait opéré lors sa conférence de presse du 8 janvier. Alors qu’il se présentait jusque-là comme le
«candidat», puis «le président du pouvoir d’achat», il avait expliqué sans scrupule aux journalistes que «réduire le débat politique français à la seule question du pouvoir d’achat, c’est
absurde».
Jeudi, devant les interlocuteurs sociaux, il a affirmé que penser le contraire ne serait que démagogie. «J'ai dit que je dirai aux Français la vérité. La vérité, la voilà: promettre plus de
pouvoir d'achat aujourd'hui sans contrepartie, c'est la certitude d'avoir encore un peu moins de pouvoir d'achat demain», a-t-il déclaré, avant d’ajouter: «lorsque certains font croire aux
Français qu'il serait possible de distribuer du pouvoir d'achat tout de suite, sans travail et sans réformes, je reconnais la démagogie qui a fait tant de mal à notre pays depuis trois
décennies». Il n'y a «pas de création de richesses, pas de redistribution possible, pas de pouvoir d'achat sans travail», a affirmé encore M. Sarkozy, pour qui «certains aujourd'hui feignent de
ne pas le comprendre». Les Français apprécieront.
Sa conviction, «c'est qu'en travaillant davantage on puisse augmenter son pouvoir d'achat» parce que «partout dans le monde», on encourage le travail et que «depuis des décennies en France on l'a
découragé». C’est pourquoi «nous voulons libérer le travail», a-t-il martelé pour s’en tenir aux mesures qu’il avait déjà annoncées. Le «développement de la participation et de l'intéressement»
ou «l’extension des plans de stock-options à tous les salariés des entreprises concernées» qu’il considère être du «partage des fruits du travail et donc de pouvoir d'achat».
De quoi ravir le patronat. Le président «a démontré dans son discours que le travail était une clé indispensable», s’est félicitée Laurence Parisot (MEDEF).
Jean-François Roubaud (CGPME) s’est lui réjoui de voir le président rester «dans la droite ligne de ce que l'on attendait: glorifier le travail, glorifier ceux qui se décarcassent pour faire
avancer la France».
Un discours «très volontariste» susceptible de «libérer les énergies», s’est plu à saluer Pierre Martin (UPA).
Et irriter un peu plus les syndicats :
Pour Jean-Claude Mailly (FO), «on est toujours dans la logique: "il y a un problème de pouvoir d'achat mais on ne peut rien faire"» et que «si l'on veut favoriser
l'emploi, la croissance, il faut plus de précarité et plus de flexibilité donc il faut faire des sacrifices».
Un discours «culpabilisateur» pour les salariés, a fustigé également Bernard Thibault (CGT), qui a regretté l’absence de «réponse nouvelle sur les revendications sur le pouvoir d'achat».
Jacques Voisin, (CFTC) a jugé pour sa part «troublant» de n'avoir «rien entendu sur la politique salariale», avant de déplorer lui aussi un discours «des bouc-émissaires», selon lequel si «les
salariés ne travaillent pas assez, que c'est la faute aux 35 heures».
De son côté, François Chérèque, (CFDT) souligné la «contradiction entre le président du pouvoir d'achat et celui qui aujourd'hui nous dit: "je ne peux pas"».
Et Jean-Claude Mailly d’ajouter: «le président de la République veut mettre la France en mouvement, eh bien il y aura une première réponse le 24 janvier», date
d’une première mobilisation nationale sur le pouvoir d'achat.
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