Questions de bon sens
Pungier Marie-Suzie
Économie - Développement durable - Plan - Réforme de l'État - AFPA
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Depuis que, il y a trente ans, les États ont inauguré la liberté totale de circulation des capitaux, les crises se sont succédé: celle des Bourses en 1987, des caisses d’épargne américaines en 1988, dix ans plus tard le plongeon asiatique, puis le fiasco gigantesque du fonds LTCM, suivi en 2000 de l’éclatement de la bulle internet, précédant le marasme en 2001 de l’Argentine, avant de passer le relais aux faillites d’Enron, WorldCom, Vivendi, Parmalat; enfin, au cœur de l’été 2007, l’immobilier américain explosait. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, et rien ne changeant dans le registre de la quête effrénée de plus-value financière à ultracourt terme, la grande machinerie des marchés n’a aucune raison de s’arrêter! 2008, le coup de tonnerre sur le capitalisme à la française, labellisé «Société générale», témoigne que la course en tête pour réaliser la superperformance tient lieu de mot d’ordre international dans ce cercle très codé des prétendus virtuoses de la finance!
Dès lors que les crises sont surmontées, les indignations refluent vers la position, tellement plus confortable, de l’irresponsabilité! Au bout du compte, ce sont les Bourses, les banques et les profits improductifs qui sortent renforcés: surtout pas d’entraves à la norme de rentabilité toujours plus élevée, destinée prioritairement à payer de gros dividendes aux actionnaires. Ainsi, sur les marchés financiers libres comme jamais, investisseurs, traders, analystes et autres opérateurs zigzaguent au travers des fluctuations boursières et des calculs ésotériques pour diffuser des innovations extravagantes et (ou) gagner le jackpot du siècle! La fabrique à bulles spéculatives perdure donc délibérément, le sauvetage en cas de pertes étant assuré soit par l’intervention des banques centrales injectant massivement des liquidités, soit par le contribuable sommé d’éponger la facture!
Mais derrière ces dysfonctionnements majeurs et immoraux c’est toute l’économie réelle qui vacille, et en bout de chaîne les licenciements et les délocalisations qui doivent en amortir les effets les plus nocifs. Ce sont les vrais créateurs de richesse, les salariés, qui sont sanctionnés… Les gouvernements dignes de ce nom peuvent-ils accepter que par manque de déontologie les salariés paient dans le monde entier une restructuration permanente du capitalisme qui crée des empires et des prospérités condamnables. Un contrôle draconien des mouvements de capitaux s’impose. Il est du ressort des États et dépend de leur seule volonté d’arrêter la folie furieuse des marchés financiers.
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