Force Ouvrière de Côte d'Or

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HORRIBLE LECTURE DE LA PENSÉE ! - 140208

Publié le 14 Février 2008 par UDFO21 in FO Presse - communication

Questions de bon sens
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Gérard MazuirMazuir Gérard
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Article de Gérard Mazuir, Secrétaire confédéral, paru dans FO Hebdo n°2836

 

Il y a quelques jours, le premier dirigeant d’une grande banque française affirmait, concernant la perte sèche record de près de 5 milliards d’euros, «avoir découvert une très grosse fraude interne… dissimulée par des techniques extrêmement sophistiquées et variées».

Quelques années plus tôt, un patron de chaîne de télévision déclarait: «Pour qu’un message publicitaire soit reçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible.» Existerait-il une corrélation entre ces deux déclarations? Si l’on en croit un certain nom-bre de chercheurs américains, la réponse serait positive. Il y aurait une relation, au moment des prises de décision, entre l’émotionnel et le rationnel. Ces chercheurs affirment le rôle prépondérant que jouent les émotions, de sorte que le décideur prendrait tel ou tel risque ou que le consommateur ferait tel ou tel choix. Dans le premier cas, on regroupe ces comportements complexes émotionnels sous le vocable de «neuroéconomie», dans le deuxième cas de «neuromarketing». En fait il s’agit, grâce à l’imagerie par résonance magnétique (IRM), de chercher à savoir ce qui se passe dans le cerveau avec des images en trois dimensions supposées représenter la biochimie du bonheur au moment du choix pour le décideur ou le consommateur. Ces chercheurs seraient même parvenus à localiser la partie du cerveau qui raisonne et celle dite inconsciente et subliminale. Reste que les recherches faites sur des volontaires obligent les cobayes à ne pas bouger, dans une situation inconfortable, pour constater les effets psychologiques ou censés l’être sur l’écran de l’imagerie.

Il y a une dizaine d’années que ces chercheurs essaient avec difficulté de faire valoir leur point de vue, quelques universités françaises et européennes s’emparent du sujet. Le point de vue simpliste du syndicaliste authentique dans cette affaire ne peut être qu’empreint de vive inquiétude sur toutes ces recherches qui veulent donner à l’individu les outils convenus du «prêt-à-penser» et du «prêt-à-consommer», ces tests de neuroéconomie et de neuromarketing font froid dans le dos. Bien sûr, pour rassurer le bon peuple, on va créer une rubrique neuroéthique dans les lois bioéthiques existantes. Si l’on ajoute les systèmes de cybersurveillance, on imagine dans quel monde s’exercera la liberté de chacune et de chacun.

D’autant qu’il est, dès lors, facile d’imaginer une société à la «Big Brother», qui demanderait au salarié une imagerie de son cerveau en pièce jointe à son curriculum vitae et, pourquoi pas? une même imagerie en réseau lors de son travail pour savoir ce qu’il pense…

S’ils savaient !

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