Audiovisuel public
«Sans pub oui, sans le sou non!». C’est derrière ce mot d’ordre que les salariés de France Télévision (France 2, France 3, France 5…) et de Radio-France (France Inter, France
Info, France Bleu…) se sont fortement mobilisés hier pour défendre la «pérennité du service public» après l’annonce de suppression totale de la publicité dans audiovisuel public. A l’appel d’un
large front syndical (FO, CFDT, CFTC, CGT, SITR, SNJ, SUD…), une grève a été «massivement suivie» avec des taux de grévistes inédits, oscillant entre 20% et 70% et une manifestation à Paris a
rassemblé «près de 4.000 personnes». Cette mobilisation est d’une ampleur sans précédent depuis 1974.
«Il faut dire que les inquiétudes sur l’avenir du service public audiovisuel n’ont jamais été aussi fortes», explique Françoise Chazaud, secrétaire générale de la FASAP-FO (Fédération FO des
syndicats des spectacles de la presse et de l'audiovisuel). «Depuis l’annonce sans concertation de ce projet par le président Sarkozy, personne ne sait aujourd’hui quelles seront les
compensations au manque à gagner entrainé par la disparition de la publicité, notamment à France Télévision. Les personnels sont dans une attente insupportable et le flou reste total»,
résume-t-elle.
Sachant que les recettes publicitaires représentent près du 30% du budget annuel de France Télévision, le manque à gagner pourrait s’élever à 860 millions d’euros et même, selon sa direction, à
1,2 milliard d'euros puisqu’il faudra produire des programmes pour remplacer les écrans supprimés. Bien entendu, pour les syndicats, il ne s’agit pas de défendre la publicité mais d’avoir des
garanties solides sur le futur mode de financement de l’audiovisuel public et d’écarter les risques de démantèlement de l’audiovisuel public.
La ministre de la Culture et de la Communication Christine Albanel a répondu que le manque à gagner sera compensé «euro par euro» et que les périmètres des différentes chaînes de France
Télévisions seraient maintenus. Sauf que, ni son ministère, ni l’Elysée n’ont été jusque-là en mesure de préciser comment ils allaient procéder alors qu’ils ont écarté d’emblée toute hausse de la
redevance audiovisuelle. Si des pistes ont été évoquées ici ou là, aucune d’elles ne garantiraient un financement stable.
Parmi les mesures avancées figurent entre autres la taxation des opérateurs de téléphonie mobile, d'internet ou la taxation des recettes publicitaires supplémentaires des chaînes privées (ces
dernières devant être les principales bénéficiaires des recettes de pub abandonnées par le groupe public). Le problème, c’est que ce type de prélèvements dépendra des résultats des entreprises
taxées. Les fonds qu’ils dégageront seront donc variables d’une année sur l’autre. Et, pour les syndicats, «c’est inacceptable!».
M. Sarkozy, qui a refusé hier de les recevoir, a fait savoir que les mécanismes de financement de son projet seront précisés dans les prochains jours. En attendant, les syndicats devraient se
réunir aujourd’hui pour décider des suites à donner à leurs actions.
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