L'UNION DEPARTEMENTALE FORCE OUVRIERE DE COTE D'OR COMMUNIQUE :
Pénibilité
La direction de l'animation de
la recherche et des statistiques du ministère de l'Emploi (DARES) vient de publier une étude sur la pénibilité au travail alors que la négociation sur le sujet entre le patronat et les syndicats
reste au point mort. Il ressort de cette étude publiée lundi sur les risques professionnels – elle a été menée en 2002 et 2003 auprès de 50.000 personnes – que les salariés les plus exposés à la
pénibilité sont sans conteste les ouvriers du secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP). Il faut dire que ledit secteur – environ 1,4 million de salariés dont la majeure partie n'est pas
aux 35 heures – cumule toutes les tares.
«Les ouvriers du BTP sont soumis à des contraintes physiques plus importantes que les ouvriers des autres secteurs d'activité : ils sont exposés aux intempéries, portent plus souvent des charges
lourdes, utilisent plus souvent des outils transmettant des vibrations aux membres supérieurs», souligne en exergue la DARES. L’enquête note également qu’ils sont «soumis à des situations
fatigantes comme le travail debout ou les déplacements à pied, ainsi qu'à des postures pénibles : travailler bras en l'air, à genoux ou en torsion et qu’«ils sont aussi plus exposés que les
autres ouvriers aux produits chimiques et cancérogènes».
Ainsi, deux ouvriers du BTP sur trois (62,9%) portent des charges lourdes au moins deux heures par semaine, contre 48,1% dans d'autres secteurs. Plus d'un sur trois travaille plus de 20 heures
par semaine à l'extérieur, donc exposé aux intempéries (36,1%) et souvent dans des postures des plus éprouvantes, bras en l'air plus de deux heures par semaine (33,9%) ou avec des outils
transmettant des vibrations (38,9%), en position debout plus de 20 heures par semaine (49,1% contre 44,3% ailleurs), à genoux plus de deux heures par semaine (43,5% contre 12,1%) ou dans
«d'autres postures contraintes» (47,1% contre 25%). Et ils sont tout autant exposés aux bruits nocifs. Quant aux gestes répétitifs, ils concernent un ouvrier du BTP sur quatre (plus de dix heures
par semaine). Enfin, l'exposition à au moins un produit chimique affecte 80% d’entre eux (60% le sont à un produit cancérogène, contre 30% dans les autres secteurs).
Pour la DARES, ce cumul de contraintes qui «augmentent la pénibilité du travail et les risques pour la santé» explique leur surreprésentation parmi les salariés de plus de 50 ans déclarés chaque
année inaptes par la médecine du travail. Ce qui rend d’autant plus urgent l’aboutissement de la négociation interprofessionnelle en cours sur la prévention et la réparation des dommages liés à
la pénibilité. Pour l’heure, les revendications portées par les syndicats se heurtent toujours à un mur patronal (voir notre article du 8 février 2008). Lorsque l’on sait que le chef de file du
patronat dans cette négociation, François-Xavier Clédat, est président de Spie Batignolles (quatrième groupe français de BTP), d’aucuns se demandent s’il peut accepter une compensation réelle de
la pénibilité subie... à la charge des entreprises et non à celle de l'État, comme il l’a proposé jusqu’ici.
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