Il s’agissait pour le président de la République et le gouvernement d’annoncer l’agenda gouvernemental sur les dossiers retraites, santé, famille et dépendances et de préciser la méthode.
Nous avons, bien entendu, saisi l’occasion pour rappeler et synthétiser nos positions de fond en matière de protection sociale collective.
Sur la méthode, il ne s’agit pas de négociation mais de concertation, les différents dossiers relevant in fine de décisions gouvernementales et/ou parlementaires.
Sur le calendrier, nous avons expliqué que sur deux dossiers notamment (retraites et santé) le gouvernement voulait aller trop vite en essayant de tout boucler pour l’été 2008.
Nous avons cité le risque de thrombose sociale, expliquant que tout ne pourrait être fait en même temps, que les gens n’y comprenaient plus rien, qu’il y avait un manque de visibilité. Le président de la République a répondu qu’il y avait effectivement de l’anxiété, mais que celle-ci était due au fait que les réformes n’allaient pas assez vite! Visiblement, nous avons une perception très différente de la réalité sociale.
Il n’y a pas d’anxiété, mais de l’inquiétude et du mécontentement.
Sur le fond des dossiers –même si ce n’était pas l’objet de cette réunion–, nous avons rappelé le rôle du mouvement ouvrier et du Conseil national de la Résistance dans la mise en place de la Sécurité sociale, qui constitue une référence pour la solidarité et un des piliers du modèle républicain.
Sur les retraites, nous avons réaffirmé notre volonté de ne pas considérer la loi de 2003 comme étant irréfragable ou gravée dans le marbre. Force Ouvrière revendique notamment dans l’immédiat le blocage des compteurs à 40 ans, une revalorisation du niveau des retraites et pensions, la prise en compte de la pénibilité et des carrières longues.
Concernant la revalorisation du minimum vieillesse et de l’à-valoir de 200 euros (élections politiques obligent), nous avons souligné l’existence du minimum contributif.
Enfin, nous avons revendiqué de nouvelles sources de financement.
Sur la maladie, nous avons marqué notre opposition à la mise en place d’agences régionales de santé qui désintégreraient le réseau de l’assurance-maladie, confirmé notre opposition aux franchises médicales ainsi qu’au projet de bouclier sanitaire qui favoriserait le développement des inégalités, casserait la solidarité et conduirait à la privatisation.
Nous avons plaidé pour une meilleure coordination entre soins de ville et soins hospitaliers en redonnant à l’assurance-maladie un rôle plus important. Sur la dépendance, nous avons rappelé que nous étions pour un cinquième risque de Sécurité sociale et une couverture la plus large possible au titre de la solidarité afin d’assurer la meilleure égalité de droit possible. Ce qui va à l’encontre d’une part plus importante laissée à la couverture individuelle, c’est-à-dire aux assurances privées.
Enfin, sur la famille, nous avons notamment rappelé que la politique familiale (avec les caisses d’allocations familiales) est telle que la France est le pays de l’OCDE où le taux de natalité est le plus fort.
Nous avons également demandé que la politique familiale soit moins restrictive, qu’elle permette de réellement développer les services à la petite enfance afin de ne pas confondre garderie et enseignement en renvoyant à l’éducation nationale des missions qui ne sont pas de son ressort.
Enfin, nous avons souligné –et nous avons été les seuls– que l’avenir de la solidarité et de l’égalité nécessitait une rupture dans la politique économique, qu’il fallait aller vers une répartition diffé-rente des richesses, lutter contre certaines niches sociales et fiscales pour alimenter financièrement la protection sociale collective.
A contrario, le patronat a plaidé pour un allègement du coût du travail et un transfert de l’entreprise vers la solidarité nationale, ce qui n’est pas acceptable. Les semaines à venir vont donc être cruciales.
Et sur un dossier comme celui des retraites, la mobilisation sera nécessaire
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