Force Ouvrière de Côte d'Or

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CHASSEUR DE «PRIME» - 270308

Publié le 27 Mars 2008 par UDFO21 in FO Presse - communication

Questions de bon sens
Article de Gérard Mazuir, Secrétaire confédéral, paru dans FO Hebdo n°2842


 
La référence au fameux krach de 1929, le scénario noir de la crise des subprimes, les baisses de la Bourse, l’économie sous la pression de la crise, la spirale infernale... autant de qualificatifs qui, à n’en pas douter, montrent un monde financier malade de ses propres turpitudes néolibérales. Pour faire simple, encore faut-il essayer de mieux appréhender le pourquoi et le comment du phénomène. Dans le jargon du banquier le «risque» réside dans un prêt – prime en anglais – à un particulier se présentant sous la forme d’un crédit contractuel entre une banque et un emprunteur sûr qui investit dans un bien: il est fort probable que ce dernier puisse rembourser sa dette. Le subprime, c’est-à-dire le sous-prêt, qualifie le crédit offert à un emprunteur pauvre. La différence entre prime et subprime se joue sur un taux variable en dessous du marché, offert par le financier qui prête à grand risque compte tenu de la variabilité du taux, notamment quand le marché financier augmente le taux. Ainsi, quand l’emprunteur à grand risque n’est plus solvable, que ses finances ne lui permettent plus de rembourser sa dette, l’investisseur doit racheter une dette qui a perdu sa valeur et confisque alors tous les biens de l’emprunteur pour rembourser ce qu’il doit. Ainsi naît la crise des prêts immobiliers à risque aux États-Unis, laissant sur le bord du chemin près de deux millions d’Américains pauvres sans domicile.?Les autorités monétaires s’affolent, les risques de récession sont avérés aux États-Unis, la Réserve fédérale (Fed), en sa qualité de banque centrale, subventionne les banques américaines en baissant de façon drastique les taux d’intérêt en deçà de l’inflation, ce qui constitue la meilleure des aubaines pour les grandes banques. Cet argent frais permet non seulement à ces groupes financiers de ne pas baisser les taux qu’ils proposent à leurs clients habituels, mais encore, même affaiblis par la débâcle des subprimes, ils investissent dans des valeurs refuge telles que l’or, l’euro, le pétrole, les matières premières agricoles, alimentant ainsi la hausse des prix au détriment de la croissance, jusqu’en Europe.

En France, on nous a laissé croire que cette crise financière ne toucherait pas les banques françaises, à l’instar du nuage de Tchernobyl qui ne passa pas la frontière en Haute-Provence. En fait, les six premières banques françaises ont vu leur résultat d’exploitation baisser de 20% en 2007, pour une valeur de 11 milliards d’euros. Mais les caisses ne sont pas vides pour tout le monde puisque les très grandes entreprises du CAC 40, dont les banques, ont quant à elles cumulé près de 100 milliards d’euros de bénéfices et leurs actionnaires 40 milliards avec un bouclier fiscal bien en place. C’est pourquoi l’ambiance médiatique de déprime néolibérale de la crise des subprimes ne doit en rien empêcher les salariés et les retraités de continuer à revendiquer pour le pouvoir d’achat de leurs salaires et de leurs pensions. Qu’ils le fassent sans gêne, avec conviction, sans trop écouter le chant néolibéral des sirènes financières. Le grand économiste J.K. Galbraith (1908-2006) affirmait: «Le monde financier fait vivre une communauté nombreuse, active, bien payée, sur la base d’une ignorance inéluctable mais aux allures sophistiquées.»*

* J.K. Galbraith – «Les mensonges de l’économie», 2004, aux éditions Grasset.
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