Depuis trois ans, les négociations avec le patronat sur la pénibilité piétinent.
S’il a été possible de dresser une liste de critères correspondant à de la pénibilité physique (par exemple: poids de charges lourdes, travail dans certains milieux, travail de nuit, etc.),
il n’est apparemment pas envisageable d’aller plus loin. Cela est essentiellement dû au fait que le patronat ne veut pas «mettre 1 euro» dans la prise en compte, d’une manière ou d’une
autre, de la pénibilité.
Il a tendance à renvoyer le dossier sur la solidarité nationale, c’est-à-dire à exempter financièrement les entreprises. D’une certaine manière, cela revient à dire: nos profits nous
intéressent, pas votre santé! Il faudrait par ailleurs traiter individuellement chaque cas en passant devant un médecin, ce qui vise aussi à privilégier une démarche individuelle, à
l’opposé d’une démarche collective.
Dans ces conditions et devant ce qu’il faut bien appeler un échec de la négociation (sauf surprise de dernière minute), il appartient au gouvernement de se saisir du dossier, y compris pour
créer une contribution financière à la charge des entreprises.
Rappelons que pour Force Ouvrière le dossier pénibilité couvre non seulement les possibilités de création d’activité, mais aussi l’amélioration des conditions de travail.
Il est un autre dossier sur lequel le MEDEF traîne les pieds. C’est la négociation pour la mise en place d’une prime transport. La CGPME nous a indiqué sa disponibilité pour ouvrir la
négociation, pas le MEDEF.
Là encore, si la négociation ne s’ouvre pas, nous demanderons aux pouvoirs publics de prendre des décisions rapides.
La délibération sociale, chère à Mme Parisot, s’efface visiblement quand la négociation a des impacts financiers pour les entreprises. En effet, dans ce cas de figure, le MEDEF est plutôt
aux abonnés absents.
Ce fut encore le cas à l’UNEDIC, où la délégation patronale a refusé d’assurer le maintien du pouvoir d’achat des allocations chômage, ne concédant qu’une revalorisation de 2,5%, inférieure
à l’augmentation constatée des prix sur un an.
Concernant le SMIC, qui est de la responsabilité gouvernementale, heureusement qu’il y a des mécanismes d’indexation automatique, car depuis quelque temps les coups de pouce sont
inexistants.
Pénibilité, salaires, retraites, assurance-maladie (où l’on a réussi, dans l’immédiat, à repousser une remise en cause des affections de longue durée), durée du travail, représentativité
syndicale, avenir du service public, précarité, emploi: les priorités revendicatives ne manquent pas. Elles sont toutes liées et correspondent toutes à deux problèmes de fond:
– une distribution des richesses produites de plus en plus inégalitaire;
– une remise en cause –nous ne le disons jamais assez– du modèle républicain, que les pouvoirs publics et le patronat veulent abandonner au profit du modèle anglo-saxon.
C’est aussi dans cet esprit qu’avec la CFTC nous avons lancé, à l’intention des salariés, une pétition commune sur les salaires, les retraites et la durée du travail, qu’il convient de
faire signer pendant l’été.
Prendre des forces pour le rapport de force, marteler nos analyses et revendications, rester nous-mêmes, tel sera notre comportement. Force Ouvrière n’a jamais pris des vessies pour des
lanternes.
Nous ne confondons pas démocratie sociale et démocratie politique, représentativité et syndicalisation, logiques d’appareils et intérêts matériels et moraux des travailleurs.
Nous avons la capacité et la force, en toute liberté de comportement, de dire oui ou non et de l’expliquer.
Nous allons continuer avec détermination et sans hésitation.
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