
2009-12-07 07:01:02 | Sylvain Lapoix - Marianne Après une semaine de discorde avec Londres, Nicolas Sarkozy a décidé de jouer l'apaisement : en intimant Michel Barnier de plaider pour une City forte, le président français renonce à plaider une régulation « à la française » de la finance européenne. Dommage... (capture : Dailymotion.fr / rfi.fr) Ca a parfois du bon d'avoir un Président grande gueule... encore faudrait-il qu'il soit courageux ! « Après tout ce qui s'est passé avec la crise financière, c'est quand même très rassurant que ce soient les idées françaises de régulation qui triomphent en Europe », s'était félicité Nicolas Sarkozy quand son candidat, Michel Barnier, avait hérité le 28 novembre du poste de Commissaire au Marché intérieur et aux services financiers. Scandale en Angleterre ! Parti de la City, la colère contre les Français s'est propagée dans tout Londres : non seulement un Frenchy a « les mains sur la gorge de la City » mais en plus, il compte serrer et réguler le joyau de la spéculation britannique ! Une menace assez grave pour que le ministre des Finances, Alistair Darling, publie une mise en garde dans le Times du 2 décembre sur l'importance d'avoir une City forte (comprendre, aussi dérégulée que possible) pour l'Europe. Un rappel à l'ordre face auquel Sarkozy s'est immédiatement... dégonflé ! Une brouille qui fait écran à un accord sur la régulation financière où l'Angleterre a obtenu véto et garantis pour la City... Vendredi 4 décembre, les mains ouvertes et le regard sérieux, Michel Barnier répondait à un entretien dans le quotidien économique La Tribune, approuvant le point de vue anglais : « je n'ai pas besoin qu'on m'explique l'importance de la City, » insistait le nouveau commissaire, se félicitant de recruter un directeur général britannique au marché intérieur... alors qu'il lui avait été imposé par Bruxelles contre son gré ! Cette semaine, Nicolas Sarkozy ira voir Gordon Brown pour s'excuser de cette brouille... qui a fait écran aux signatures d'accord sur la régulation financière en Europe où l'Angleterre a obtenu un véto et des garanties pour « protéger les intérêts » de la City ! Tout est bien qui fini bien pour les hedge funds, spéculateurs et traders à haut risque de la capitale britannique... Une leçon à retenir pour l'avenir : face aux lobbies financiers ou aux partenaires britanniques, l'intransigeance de Nicolas Sarkozy dure deux jours. Espérons qu'il tienne quelques heures de plus face à la réticence des Etats-Unis au sommet de Copenhague !
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