FO : Mailly se défend en fustigeant la CGT FO et la CFDT - 160211

Rien de mieux que des ennemis à pointer du doigt pour resserrer les troupes. Hier, dans son discours d'ouverture du XXII ^e Congrès de Force ouvrière (FO), à Montpellier, le secrétaire général Jean-Claude Mailly a longuement fustigé l'attitude de la CGT et de la CFDT lors du conflit sur les retraites pour mieux défendre son propre bilan et la stratégie de sa centrale. Face à « l'inflexibilité » du gouvernement, il n'y avait « pas d'autre issue » que l'appel à la grève, préconisée en vain par FO, a-t-il martelé. Las, « les deux compères » s'y sont refusés, démontrant ainsi « une forme de complicité » avec l'exécutif.

« Bernard et François » (Thibault et Chérèque) ont aussi eu droit à de vives attaques sur leur soutien à la réforme de la représentativité de 2008, un « bal des hypocrites » visant à « bipolariser » le syndicalisme : « Ceux qui nous critiquent d'être isolés sont les mêmes qui rêvent d'être tout seuls ! » Succès garanti auprès des 2.700 congressistes présents selon FO, même si ces derniers, plus calmes qu'à leur habitude, se sont contentés d'applaudissements plus polis que vraiment nourris. L'absence totale de sifflets aura toutefois souligné que les troupes font désormais bloc derrière leur leader.

Le ton a été un peu plus conciliant envers l'exécutif. Jean-Claude Mailly a certes dénoncé très durement la RGPP, « une arme de guerre contre la République sociale » et la politique fiscale - il plaide pour la relance d'un impôt sur le revenu « progressif et universel » -, mais il a évité les attaques directes envers Nicolas Sarkozy, dont il n'a jamais prononcé le nom. Même relative clémence envers le patronat, pour mieux souligner que « FO reste une centrale réformiste », comme il l'affirme dans « La Croix » d'hier, et qu'il veut avancer sur les discussions en cours, en particulier sur l'emploi des jeunes.

Anticipant les débats internes qui resurgiront lors des interventions des délégués aujourd'hui et demain, Jean-Claude Mailly est aussi monté au créneau pour défendre la signature par FO de l'accord de 2008 sur la modernisation du marché du travail, qui a créé la rupture conventionnelle. « La confédération assume » ce texte, qui sécurise un dispositif «  qui existait déjà sous forme déguisée  ». Et si certains employeurs le détournent pour en faire des préretraites déguisés, « on ne va quand même pas s'en plaindre », FO réclamant de longue date le rétablissement des dispositifs de préretraite.

D. P., Les Echos