Jean-Claude Mailly (FO) a prédit "une année rock n'roll" dans la Fonction publique, notamment en raison de la "véritable désorganisation" de l'administration dans les régions et les
départements, provoquée selon lui par la Révision générale des politiques publiques (RGPP).
Cette réforme gouvernementale été "faite en catimini" et a conduit à "la mise en place d'une véritable désorganisation au niveau territorial", consécutive à la fusion de directions des services de l'Etat dans les territoires, a déclaré le secrétaire général de FO au cours d'une conférence de presse lundi.
Il y a vu "une remise en cause des principes républicains", s'alarmant de "l'impact sur les usagers" de ce vaste chantier. "On demande un gel", a affirmé le patron de FO, avant de préciser qu'il avait demandé un rendez-vous avec le Premier ministre à ce sujet.
Selon lui, "la grogne est en train de monter chez les fonctionnaires".
Il s'est demandé si, "après les élections régionales, en mars", le gouvernement allait "vouloir réduire à marche forcée les déficits, ce qui risque de conduire à des coupes massives dans les dépenses publiques et sociales".
Dans ce cas, si on ajoute les effets de la RGPP, "ce sera une année rock n'roll", s'est-il exclamé.
FO a remis à la presse un mini-dossier sur "les premiers effets concrets pour les citoyens des 374 mesures idéologiques décidées unilatéralement par le chef de l'Etat et son gouvernement" dans le cadre de la RGPP.
On y apprend par exemple que "la privatisation du contrôle des transporteurs a multiplié par trois le tarif des contrôles" et que "les consommateurs sont fragilisés" en raison d'"une réduction de 450 emplois publics assurant la protection du consommateur".
FO a fait les comptes: "suppression de 65 tribunaux (d'instance et de commerce), de 62 conseils de Prud'hommes, de plus de 180 blocs opératoires et de maternités, de 3.185 bureaux de Poste, de 80 subdivisions territoriales de l'ex-Equipement, de 40 centres territoriaux de Météo France".
Par ailleurs, Jean-Claude Mailly a pris position contre l'instauration d'un régime par points à l'occasion du rendez-vous gouvernement-partenaires sociaux sur les retraites en 2010, jugeant qu'un tel système serait "beaucoup moins solidaire".
"Nous ne sommes pas favorables à une réforme systémique qui conduirait à généraliser un régime par points ou un régime notionnel", au lieu de l'actuel système dit par "annuités", a-t-il indiqué.
Selon lui, de tels régimes "seraient beaucoup moins solidaires", car ils ne prennent pas en compte les périodes d'inactivité (maternité, maladie, chômage, formation professionnelle...).
Dans un régime en points, l'assuré accumule des points qu'il achète avec ses cotisations, en fonction d'une valeur d'achat. Le montant de sa pension se calcule en multipliant le nombre de points accumulés par la valeur du point (différente de la valeur d'achat).
Dans un régime "en comptes notionnels", l'assuré accumule tout au long de sa carrière un capital virtuel qui correspond à la somme des cotisations versées.
Secrétaire confédéral chargé des retraites, Bernard Devy a estimé qu'au vu des "premières esquisses" du Conseil d'orientation sur les retraites (COR), ces régimes feraient "de rares gagnants et beaucoup de perdants qui figurent déjà parmi les plus faibles".
En outre, une réforme systémique aboutirait à une "fusion" des différentes caisses de retraite et de retraite complémentaire et déboucherait sur "l'étatisation de tout l'édifice construit à partir de la retraite de la sécurité sociale de 1945 (...)".
Enfin, dans cette hypothèse, "tout laisse à penser (...) qu'un deuxième pilier en capitalisation viendrait compléter le nouvel édifice de la retraite", selon M. Devy.
Jean-Claude Mailly a d'autre part confirmé que FO s'opposerait "clairement à une augmentation de la durée de cotisation ou à un report de l'âge de la retraite". Cela "conduirait les salariés à travailler sans fin", a-t-il dit.
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