Force Ouvrière de Côte d'Or

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LES RETRAITES: UN CHOIX DE SOCIÉTÉ - 150310

Publié le 15 Mars 2010 par UDFO21 in FO Retraites

En guise d’éditorial, une interview au site acteurspublics.com, mise en ligne le 1er mars 2010

www.acteurspublics.com: Vous avez prédit une année rock n’roll dans la fonction publique en 2010. Qu’entendez-vous par là?
Jean-Claude Mailly: Pas seulement dans la fonction publique! La France, comme d’autres pays, va renouer avec la croissance, même si ce sera insuffisant pour réduire le chômage. Mais nous ne sommes pas sortis de la crise. Tant que l’on ne réglera pas les questions de fond à l’origine de la crise, elle perdurera, avec ses hauts et ses bas. Je pense à la question de la répartition des richesses, la régulation financière et bancaire au niveau international et aux modalités de la construction européenne.

Le secteur public vous paraît-il moins touché que le secteur privé?
Non, les deux sont frappés. Car le gouvernement a pris l’engagement de réduire fortement le déficit budgétaire de 8,2 à 3% du PIB d’ici à 2013. S’il ne s’agit pas d’une posture visant à rassurer les autorités européennes, comment fera-t-on sans réforme fiscale et sans augmenter les prélèvements? La seule solution qui reste est de serrer à mort sur les dépenses publiques et les dépenses sociales avec, concrètement, une accélération de la RGPP et la concession au privé de pans entiers du secteur public. La pression est très forte pour réduire la voilure. Cette question ne concerne pas seulement les agents, mais aussi et surtout les usagers et les citoyens. […]

Quelles seront vos positions lors du débat sur les retraites, ouvert par le président de la République le 15 février?
Il y a deux questions de fond. Celle du financement d’abord. Oui, il y a un problème. Et puis il y a un choix de société. Tout le monde s’est félicité que, pendant la crise, la France ait mieux résisté que d’autres grâce aux amortisseurs sociaux. On ne peut pas dire: «C’est utile en temps de crise», et après casser ces amortisseurs... Aujourd’hui, notre priorité est celle du financement. Pour le reste, nous refusons de transformer le système, par exemple, en régime par points. On n’acceptera pas non plus la remise en cause de l’âge légal de départ à la retraite de 60 ans, ni l’allongement de la durée de cotisation. Au nom de quoi, parce qu’on vit plus longtemps, devrions-nous travailler plus longtemps? Si on suit cette logique jusqu’à l’absurde, les femmes devraient travailler plus longtemps puisqu’elles vivent plus longtemps...

Quelles sont vos propositions sur le financement?
Il va y avoir, et cela a déjà commencé, une tentative d’opposer public et privé. Quand on raisonne en termes de taux de remplacement, dans la fonction publique, il n’est pas de 75%, compte tenu de la part des primes dans le salaire. Quand on nous dit que la pension moyenne des fonctionnaires est plus élevée, c’est vrai, mais en incluant les enseignants, qui sont cadres. La moyenne augmente donc mécaniquement, puisque les enseignants sont nombreux.

Le gouvernement observe que la somme consacrée aux pensions des fonctionnaires augmente fortement chaque année...
Ce qui gêne l’État, c’est qu’il doit endosser cette charge directe. Les pensions des fonctionnaires sont effectivement prises sur le budget de l’État. La tentation est donc grande de déconnecter les retraites du budget. Pour nous, ce serait une remise en cause inacceptable du statut de la fonction publique.

Comment régler cette question du financement des retraites, puisqu’il y a un problème?
Je signale que l’État n’a pas tenu ses engagements sur le Fonds de solidarité vieillesse, qui devait être alimenté par une CSG à 1,3%, alors que l’on est à un taux de 0,85%. Perte: 5 milliards d’euros. Sur les compensations d’exonérations de cotisations patronales pour la CNAV (Caisse nationale d’assurance-vieillesse, NDLR), il manque un milliard. Sur le Fonds de réserve des retraites, nous avons proposé de réserver une partie du grand emprunt pour l’abonder. Si l’on traite ces problèmes sérieusement et que l’on est transparent sur les tuyauteries, on règle une partie du financement. Par ailleurs, nous sommes favorables à une grande réforme fiscale. Par exemple, pourquoi ne pas taxer davantage les bénéfices non réinvestis des entreprises du CAC 40, au titre de la solidarité?

Sur la question spécifique de la retraite des fonctionnaires, quelle est votre réaction face au projet du gouvernement de remettre sur la table les six mois comme référence et de mieux prendre en compte les primes?
Je n’ai pas confiance, je ne sais pas ce qu’ils veulent faire. Dans la communication gouvernementale, on oppose public et privé, ça démarre mal... Je le dis aux militants: si le gouvernement voulait faire une chose positive sur les retraites, il le ferait avant les élections régionales...

Extraits. - Propos recueillis par Bruno Botella et Laurent Fargues
 
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