Écornant un peu plus l’image de l’industrie
agroalimentaire, l’affaire de la viande de cheval, et même autre, vendue pour du bœuf, d’abord dans des lasagnes, puis des sauces bolognaises, fait tache d’huile. Devant l’ampleur du scandale,
les autorités nationales concernées, tout comme les européennes, ont effectué une volte-face digne du Cadre Noir de Saumur. Et derechef remisé prestement leurs promotions de l’autocontrôle des
industriels comme panacée de la sécurité alimentaire, tout en évitant d’aborder le problème des contrôles. Il existe bien des contrôles «inopinés», mais combien? L’autocontrôle coûte cher quand
il faut vendre à des consommateurs aux budgets maigrelets et aux fiches de paye en berne. Les contrôles des autorités sanitaires? Le dogme assurant que le privé gère mieux que le public a
entraîné des transferts vers le privé et transformé les services chargés d’effectuer les contrôles en peau de chagrin. Déjà en 2009, le syndicat FO du ministère de l’Agriculture et de
l’Alimentation dénonçait le «transfert de missions d’inspection en abattoir aux industriels, avec la volonté exprimée par la Commission européenne d’aller encore plus loin (révision en cours du
paquet hygiène)», et le non-remplacement, dans le cadre de la RGPP, des départs à la retraite dans les services d’inspection et de contrôle.
En Grande-Bretagne, directement concernée par le scandale, la même idéologie, encore plus appuyée ces dernières années, a amené le gouvernement à réduire le budget alloué aux autorités de
contrôle alimentaire. En évoquant, pas plus tard qu’en janvier dernier, «le climat actuel de contraintes financières», et en jurant qu’il «souhaite rendre le système actuel complexe plus efficace
tout en offrant la meilleure protection aux consommateurs». En France on appelle ça moderniser, mais, tout compte fait, littéralement, on en revient à l’attraction du cheval, peu coûteux. Et on
carotte les consommateurs.
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