«C’EST LA CACOPHONIE!» - 021112
02 déc. 2012
Interview de Jean-Claude au JDD Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force Ouvrière, est sceptique après la présentation de sauvetage du site de Florange et se demande qui croire entre
Jean-Marc Ayrault et Arnaud Montebourg. La solution trouvée par le gouvernement pour Florange vous satisfait-elle? Non. À Force Ouvrière, nous avons défendu la pérennité de l’intégralité du site, y
compris par la réquisition. Arnaud Montebourg s’était prononcé pour une nationalisation temporaire, nous y étions favorables. Mais nous en sommes loin. La décision du gouvernement crée beaucoup de
déception et laisse un goût amer. Un gouvernement, c’est comme un orchestre, il faut éviter que chacun ne joue sa partition. Là, c’est la cacophonie. Avez-vous encore confiance en Arnaud
Montebourg? Je ne porte pas de jugement. Il est ministre, il est monté au créneau, il a prôné une solution, il a parlé d’un repreneur pour 400 millions d’euros. À la fin, la décision est
différente. Les salariés ont eu un espoir et cet espoir est déçu. Il faut de la cohérence, sinon qui croire? Les emplois sont sauvés, ce n’est pas l’essentiel? OK, il n’y a pas de plan social, pas
de départs forcés. Mais il y aura des départs volontaires. Je suis très sceptique sur les engagements de Mittal. Il a gagné dans cette histoire, il ne voulait pas céder tout le site ni redémarrer
les hauts-fourneaux. Les salariés n’ont pas l’intention de se laisser faire, ils ont raison. Mittal va investir aux côtés des pouvoirs publics, êtes-vous contre? Nous nous méfions des engagements
de Mittal, je le répète. Lors de la fermeture de Gandrange, il avait promis 320 millions pour Florange. On n’en a jamais vu la couleur. Les salariés sont échaudés. Leurs doutes sont légitimes.
J’ajoute que les 180 millions d’euros en question correspondent seulement à l’entretien des hauts - fourneaux, pour les maintenir en état de redémarrer. Ce n’est pas un investissement. D’autres
usines espèrent une nationalisation. Que peuvent attendre les salariés? Certains peuvent être inquiets. Il ne faut pas obligatoirement nationaliser, mais il ne faut pas se l’interdire non plus. Or
cela ressemble aujourd’hui à un renoncement, sur un dossier emblématique. Nicolas Prissette - Le Journal du Dimanche