LES RAISONS DU REPORT DU DISCOURS DE M. SARKOZY
12 sept. 2007Le tollé syndical provoqué par les récentes déclarations sur la fin des régimes spéciaux de retraite semble être à l’origine de l’ajournement du déplacement du président à Nantes. Ville où il devait évoquer ses réformes dans la Fonction publique. Rechercher Inscription lettre Désinscription lettre Envoyez à un ami Nicolas Sarkozy a annulé le déplacement qu’il devait faire aujourd’hui à Nantes pour évoquer les réformes qu'il entend mener dans la fonction publique. Alors qu’il était calé depuis plusieurs jours, l'Elysée a fait savoir hier que ce déplacement est reporté au 20 septembre «en raison de contraintes d'agenda». Connaissant l’activisme présidentiel, cette explication on ne peut plus diplomatique fait sourire à l’Union départementale FO de Loire-Atlantique. Selon son secrétaire général, Patrick Hébert, le président n’avait peut-être pas envie de se montrer à Nantes où plusieurs syndicats du département (FO, CGT, FSU, Solidaires) avaient appelé les salariés à se mobiliser pour sa venue. Le discours du président devant «être un acte politique qui, à n’en pas douter, servirait de tremplin à l’offensive menée contre les fonctionnaires, et les missions des services publics», il «ne pouvait être le seul entendu» ce jour, explique un tract intersyndical (FO, CGT, FSU, Solidaires). Et avec les sorties tonitruantes du week-end sur la fin annoncée des régimes spéciaux, on pouvait s’attendre une forte mobilisation locale, rapporte Patrick Hébert.
Le tollé syndical provoqué par la récente déclaration du Premier ministre François Fillon ((voir notre article du mardi 11 septembre 2007) y est pour beaucoup, estiment également les fédérations de fonctionnaires. «On se pose des questions sur les raisons de ce report (...) et on soupçonne que l'épisode des régimes spéciaux n'y est pas pour rien», affirme ainsi Eric Fritsch (CFDT), estimant que M. Sarkozy veut «chercher à calmer le jeu, temporiser, pour se donner le temps de se positionner». Pour Gérard Noguès (FO), «la déclaration de Fillon sur la réforme des régimes spéciaux, cumulée aux fonctionnaires, ça peut évoquer, pour certaines personnes, quelque chose comme novembre 95», quand le pays a été paralysé par trois semaines de grève. De plus, ajoute le leader de FO-Fonctionnaires, «comme nous exigeons toujours l'ouverture de négociations salariales pour 2007, M. Sarkozy ne pouvait pas, lors de son discours (de Nantes), faire l'impasse sur le problème du pouvoir d'achat des agents. Et tant que le gouvernement n'a pas trouvé des marges de manœuvre budgétaires pour augmenter les salaires, (...) son discours aurait été affaibli, avec des non-réponses aux vrais problèmes». Rappelant le «caractère d'urgence» de ces revendications, Jean-Marc Canon (CGT) espère «que ce retard (...) ne sera pas le prétexte à un nouveau recul pour l'ouverture de négociations incontournables». L’autre point de crispation entre le gouvernement et les fonctionnaires, c’est l’emploi, notamment après l’annonce du non-remplacement en 2008 de 22.700 agents partant à la retraite. L'ensemble des organisations de fonctionnaires doit se retrouver le 20 septembre, une fois connues les intentions du chef de l'Etat tandis que les syndicats de Loire-Atlantique prévoient de mobiliser ce jour-là. Nicolas Sarkozy était hier en Bretagne pour l'inauguration d'un salon de l'élevage à Rennes. S’il n’y a pas évoqué l’avenir des fonctionnaires, il s’est en revanche senti obligé d'en remettre une couche sur les régimes spéciaux, dont l’existence est, selon lui, «indigne». Il pouvait se le permmettre. Devant des agriculteurs, il ne risquait pas d’affronter un public hostile.