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Questions de bon sens 
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Article de Gérard Mazuir, Secrétaire confédéral, paru dans FO Hebdo n°2830

 

L’omniprésent président de la République a sûrement remis à la mode le mot «Grenelle». Ainsi, après avoir lancé le «Grenelle de l’environnement», que son ministre d’État doit mettre en musique avec un certain succès médiatique, le mot «Grenelle» fleurit sous diverses appellations aussi incongrues qu’originales. Le haut commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté du gouvernement actuel essaie de mettre en œuvre le «Grenelle de l’insertion». Le secrétaire d’État à la Fonction publique veut lancer un «Grenelle du centre», la candidate perdante à l’élection présidentielle un «Grenelle du pouvoir d’achat», et le président de la République, devant les maires de France, «un Grenelle de la fiscalité locale». Les uns, promoteurs de spectacle dit vivant, parlent d’un «Grenelle de la culture»; les autres, industriels de la pharmacie, d’un «Grenelle de la santé»; la ministre de la Culture d’un «Grenelle de l’audiovisuel»; et un ancien ministre du Commerce et de l’Artisanat d’un «Grenelle de la consommation», alors qu’un ancien Premier ministre, réputé pour ses mots pseudo-communicants tels «la France d’en bas», se targue de lancer la «génération Grenelle» pour les municipales. Et nous ne nous attarderons pas à évoquer qui le «Grenelle de la presse», qui le «Grenelle du football français», pas plus qu’enfin le «Grenelle du rugby mondial». C’est une véritable contagion qui a priori ne veut rien dire. D’autant que ce mot de «Grenelle» fait référence aux accords de Grenelle après les longues grèves de Mai 1968, accords négociés les 25 et 26 mai en pleine crise. Ces accords aboutissent pour l’essentiel à l’augmentation de 25% du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) et de 10% en moyenne des salaires réels. Ils prévoient aussi la création de sections syndicales dans chaque entreprise. Aussi il ne suffit pas de déclarer avant d’être élu président de la République: «Il s’agit de savoir si l’héritage de Mai 68 doit être perpétué ou s’il doit être liquidé une bonne fois pour toutes.»*

En fait, mot pour mot, on perpétue le «Grenelle» à la mode sans en récolter les bienfaits par un accord.

*Meeting UMP du dimanche 29 avril 2007 à Bercy.
 
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