LES NÉGOCIATIONS S’ANNONCENT MAL DANS LA FONCTION PUBLIQUE - 060208
06 févr. 2008Pouvoir d’achat

C’est hier soir que les syndicats de
fonctionnaires ont pris connaissance des dernières propositions salariales du ministre du Budget et de la fonction publique, Éric Woerth.
Avec 0,5% d’augmentation du point d’indice au 1er mars – pierre angulaire du traitement des agents publics puisque 80% de leur rémunération est calculé sur cette base – l’offre gouvernementale
est très en deçà des revendications syndicales.
Mais, dans un entretien à paraître aujourd’hui dans Le Figaro, le ministre de la fonction publique préfère noyer le poisson. Selon lui, «l'effort de l'État en 2008 représentera en moyenne une
progression de 3,7 % de la rémunération des fonctionnaires. Cela inclut une hausse de 0,5 % du point d'indice le 1er mars, soit 354 millions d'euros, 1,6 milliard pour l'ancienneté, 403 millions
de mesures catégorielles, dont 225 millions au titre de "l'intéressement" au non-remplacement d'un agent sur trois, 335 millions pour les heures sup’ et 280 millions pour la monétisation des
comptes épargne-temps (CET) et la nouvelle garantie individuelle du pouvoir d'achat». Dans son entretien au quotidien national, M. Woerth insiste particulièrement sur cette «garantie
individuelle» appelée à prendre «la forme d'une prime versée dans l'année (…) à tous les fonctionnaires d'État qui ont été moins revalorisés que l'inflation sur la période 2003-2007» et sur les
heures supplémentaires, dont il promet «une hausse des volumes et du niveau de rémunération».
Une présentation fallacieuse que Gérard Noguès (FO) n’a pas manqué de dénoncer tant, le ministre y mélange les torchons et les serviettes. D’abord, a-t-il rappelé, l’ancienneté n’a rien avoir
avec la question du pouvoir d’achat puisqu’elle correspond à la qualification et à la compétence des agents. S’agissant des heures supplémentaires et de la monétisation des CET, seuls 10% des
fonctionnaires sont concernés par le dispositif promu par le gouvernement, a expliqué le leader de FO-fonctionnaires. Pour lui, «tout le reste relève de mesures individuelles qui représentent
déjà 20% de la rémunération. Outre qu’elles ne sont pas soumises aux cotisations sociales, celles-ci ne remplaceront jamais une politique d’augmentation générale des traitements, seule à même de
garantir le pouvoir d’achat de tous fonctionnaires». Après cette mise au point, Gérard Noguès a tenu à rappeler que ledit pouvoir d’achat a reculé de 7% depuis 2000 et que le vrai moyen pour
commencer enrayer son érosion est d’octroyer une hausse du point d’indice au moins égale à l’inflation, c’est-à dire 1,6%. La revendication est partagée par l’ensemble des syndicats. Lesquels ont
tous estimé que le compte n’y est pas. Et FO de prévenir, si le ministre devait s’en tenir à ces propositions, les négociations prévues le 18 février prochain risquent à coup sûr de tourner
court.