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Nicolas Sarkozy a chargé une commission parlementaire de réfléchir à la manière de financer France Télévision sans la publicité, tout en contestant le montant du manque à gagner qu’engendrera la réforme. Pas de quoi rassurer les syndicats.

La question du financement la télévision publique après la suppression de la publicité est désormais entre les mains d’une commission parlementaire. Composée essentiellement de députés et de sénateurs issus de la majorité, elle a été a été chargée mardi par l’Elysée de réfléchir à un «panachage des ressources» afin de compenser le manque à gagner publicitaire pour les cinq chaîne de France télévision (France 2, France 3, France 4, France 5, RFO).

Selon les recommandations qui lui ont été faites par le président Nicolas Sarkozy, elle devra étudier en priorité la faisabilité d’une contribution des chaînes privées devant bénéficier du report des recettes de publicité abandonnées ainsi par le groupe public et d’une taxation – «au taux le plus faible» - des opérateurs télécoms. Elle devra, toujours selon l’Elysée, choisir si la suppression des écrans publicitaires sera totale ou programmée de manière progressive à compter du 1er janvier 2009. Une augmentation même modérée de la redevance télé n’a pas été évoquée. Partant de là, M. Sarkozy a promis que «chaque euro de recette publicitaire» serait «compensé par un euro de ressource publique en 2009». Pour répondre aux craintes de la direction de France Télévision qui fait face à un reflux des annonceurs depuis la proclamation de la disparition de la pub sur ses écrans, il a demandé enfin que soit «expertisée la possibilité d'apporter (…) une dotation en capital en 2008».

Les syndicats de l’audiovisuel public, qui avaient mobilisé la semaine dernière les personnels du groupe
(voir notre article du jeudi 14 février 2008), ont émis des réserves sur les pistes de financement avancées. Après son entrevue mardi avec M. Sarkozy, l’intersyndicale (FO, CFDT, CFTC, CGT, SNJ et SUD) a relevé notamment «un désaccord sur le montant du manque à gagner». Alors que la direction de France Télévisions l’a estimé à 1,2 milliard d’euros, le président a contesté ce chiffre en précisant que cela était à vérifier. Ils ont déploré également son refus de s’engager sur une augmentation graduelle de la redevance qu’ils revendiquent pour garantir une stabilité des ressources du groupe.

Par ailleurs, l’évolution de l’audiovisuel extérieur (TV5, France 24, RFI) et de Radio France (France Inter, France Info, …) est exclue de la réflexion de la commission, dont la première réunion se tiendra le 27 février, date d'un conseil d'administration extraordinaire de France Télévisions. «A cette occasion, nous avons appelé le personnel à se rassembler dans le hall de France Télévisions avant l'ouverture du CA, pour rappeler aux administrateurs qu'ils sont sous surveillance du personnel», a indiqué l’intersyndicale. FO a, depuis, proposé à ses homologues d’appeler à des débrayages ce jour-là.

Pour l’heure, si les chaînes publiques ne sont pas assurées de retrouver leurs billes, leurs concurrents du privé peuvent en revanche se frotter d’ores et déjà les mains. Outre les recettes perdues par France Télévision, ils vont sous peu bénéficier d’un assouplissement des «contraintes publicitaires». M. Sarkozy s’est en effet engagé à faire appliquer avant la fin du premier semestre 2008 une directive européenne allant dans ce sens.

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