Jura : 597 suppressions de postes chez Smoby - 040308
04 mars 2008
Le leader allemand du jouet Simba a été choisi ce lundi 3 mars par le tribunal de commerce de Lons-le-Saunier pour reprendre Smoby-Majorette, en redressement
judiciaire, et dont plus de la moitié de ses salariés français vont perdre leur emploi.
Selon l'offre de reprise présentée à la justice, le groupe bavarois va prendre les rênes des filiales Smoby, Berchet et Ecoiffier et prévoit de licencier 597 personnes en France sur un effectif total de 1.080. En revanche, l'Allemand n'a pas donné de chiffres quant à l'emploi à l'étranger.Le groupe Smoby-Majorette emploie 2.300 personnes dans le monde, dont 1.080 en France. La filiale Majorette, qui n'est pas reprise par l'Allemand, compte 82 salariés. Les candidats à la reprise de la branche Majorette doivent déposer leur offre d'ici le 10 mars au tribunal de commerce de Lons-le-Saunier.
La justice a donc choisi un industriel pour succéder à l'Américain MGA Entertainment, considérant que son expérience dans le secteur du jouet et la conservation de 401
postes en France pendant 5 ans assureraient la pérennité de Smoby. "Nous sommes très heureux de cette décision. Nous estimons que les synergies de production et de distribution sont très
intéressantes. Le savoir-faire jurassien va être un atout supplémentaire pour notre groupe", a estimé le président du groupe allemand Simba, Michael Sieber, à l'issue de l'audience. "Ce
n'est pas un jour heureux pour tout le monde", a concédé ce dernier, mais "maintenant, notre travail est de rassurer et de remotiver les salariés et de redonner confiance à nos clients dans
la perspective de Noël 2008".
Les salariés sous le choc
Parmi les salariés et représentants syndicaux présents lors de la décision, beaucoup se déclaraient "très déçus" que l'emploi n'ait pas été l'argument déterminant pour
le tribunal. "L'offre de la holding grenobloise Abcia, qui prévoyait de conserver 502 emplois, était plus intéressante pour les salariés. Je pensais que le tribunal se positionnerait en
fonction de l'emploi. Il a préféré un industriel qui possède le même catalogue de produits que nous. C'est décevant", a regretté le délégué CGT de Smoby, Gilles Rizzi. "On s'attendait à
des licenciements mais autant, ça paraît impossible", a-t-il ajouté. "C'est très difficile pour nous. Cela va être très dur d'annoncer à des gens qui ont 30 ans de boîte que leurs usines vont
fermer et qu'ils ne retrouveront peut-être jamais plus de boulot dans leur région", a affirmé en pleurs, la délégué CFDT Laurence Prudhomme. "Si la région va subir une lourde casse
sociale, le Jura peut se rassurer sur l'avenir de son fleuron du jouet", a indiqué, mi-figue mi-raisin, Philippe Passot, le maire de Lavans-lès-Saint-Claude, où se trouve le siège social du
groupe Smoby-Majorette.
La fin d'un long feuilleton judiciaire
Asphyxié par une dette de 277 millions d'euros, le groupe avait été placé dans un premier temps en sauvegarde, permettant à la famille fondatrice au pouvoir, les
Breuil, de céder pour un euro symbolique Smoby-Majorette au fabricant de jouets américain MGA Entertainment au printemps dernier, arguant "de son expérience dans le secteur".Mais la
crédibilité de l'Américain n'avait cessé de s'éroder au fil des mois, conduisant le tribunal à placer Smoby-Majorette en redressement judiciaire en octobre dernier. Sans surprise, MGA
Entertainment avait jeté l'éponge le 21 février, indiquant qu'il n'était pas en mesure de présenter un plan de continuation laissant la voie libre à un démantèlement de l'entreprise.
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