L'UNION DEPARTEMENTALE FORCE OUVRIERE
DE COTE D'OR COMMUNIQUE :

Sont-ils naîfs, ils se sont fait avoir en signant la position commune
 sur la représentativité syndicale (CGT-CFDT)


La CGT et la CFDT appellent à une manifestation « globalisante »
le 17 juin contre la réforme des 35 heures et celle des retraites.
FO et la CFTC leur demandent de prendre « leurs responsabilités »
en retirant leurs signatures de la position commune.
Le gouvernement « assume » son projet et veut aller vite.


Ils étaient déjà en colère, ils sont désormais furieux.
En profitant de la transposition de la « position commune » sur la représentativité
pour assouplir largement les 35 heures, le gouvernement s'est attiré les foudres de
François Chérèque (CFDT) et de Bernard Thibault (CGT).
De fait, en autorisant les entreprises à négocier les repos compensateurs
et les forfaits jours,et en assouplissant la modulation annuelle, le ministère du Travail
va bien plus loin que le texte signé par ces syndicats, le Medef et la CGPME.
Ce dernier prévoit des négociations bornées au seul contingent d'heures
supplémentaires. « C'est une provocation, on est dans l'instrumentalisation
d'un accord des partenaires sociaux pour régler un problème entre la majorité
et le gouvernement »,
a tonné, dans « Le Monde » daté d'aujourd'hui,
François Chérèque, pour qui
« le gouvernement choisit de s'affronter à la CFDT et à la CGT ».

Tous deux ont donc décidé de réagir au plus vite. Signe de sa colère -
et de son malaise - François Chérèque a même rompu avec son habitude de ne pas
mélanger les sujets et a appelé, comme la CGT, « à réagir simultanément sur le temps
de travail et les retraites
» dans « une mobilisation globalisante », le 17 juin.

FO se prononcera lundi

Hier soir, lors d'une réunion intersyndicale, programmée à l'origine pour préparer
une nouvelle mobilisation sur les retraites uniquement, les deux confédérations
ont tenté de convaincre les autres syndicats de les rejoindre dans leur démarche,
sans obtenir, pour l'instant, des réponses claires. La CFTC avait refusé de participer
à la réunion et FO, qui a désormais beau jeu de se faire désirer, a annoncé, comme
la CGC, qu'elle ne se prononcerait que lundi
sur sa participation au mouvement du 17 juin. La CFDT et la CGT ne pouvaient guère
espérer un soutien plus appuyé, tant elles sont désormais en porte-à-faux.
Certes, les autres syndicats dénoncent aussi la réforme Bertrand. Mais ils reprochent
surtout à Bernard Thibault et à François Chérèque d'avoir eux-mêmes ouvert la porte
à une remise en question du temps de travail en signant la position commune.
Hier, la CFTC et FO leur ont même demandé, sans succès,
de retirer leur signature. « C'est la seule solution pour sauver les 35 heures »,
a plaidé Jacques Voisin (CFTC). « Qu'ils prennent leurs responsabilités »,
a insisté Jean-Claude Mailly (FO).

La perspective d'un nouveau mouvement social ne semble, en tout cas,
guère inquiéter l'exécutif.
Hier, le ministre du Travail, Xavier Bertrand, l'a répété :
il « assume totalement » ses « divergences »
avec les partenaires sociaux. Ceux-ci ne se font « pas piéger »
car ils étaient « prévenus » dès l'hiver que le gouvernement se réservait
la possibilité d'aller plus loin sur les 35 heures si, dans la position
commune, ils se contentaient d'effleurer le sujet. « Il y a le temps
de la démocratie sociale
et celui de la responsabilité politique
», fait-il valoir, tout en affirmant rester
« prêt à recueillir avis et suggestions ».

A l'Assemblée dès juillet

Mais pas question de retirer son projet pour laisser les partenaires sociaux négocier :
« Ce serait un an de trop pour nombre d'entreprises bloquées par la logique
des 35 heures imposées.
» Sur le terrain, les dirigeants accueillent, en effet,
la réforme comme une très bonne
surprise. Hier, la CGPME s'est ainsi déclarée « favorable », contrairement au Medef,
à l'initiative du gouvernement. Ce dernier ne compte plus perdre une seconde :
le projet de loi sera arrêté ce week-end, présenté en Conseil des ministres
le 11 ou le 18 juin et examiné en juillet par l'Assemblée nationale.

L'éxécutif sait que le mois de juin s'annonce très tendu socialement -
les fonctionnaires, notamment, sont appelés à la grève le 10 juin pour protester contre
les suppressions de postes mais compte ainsi profiter au maximum du rapport de force
actuel, qui lui est favorable. Au risque, en rompant de la sorte les liens établis avec
Bernard Thibault et, surtout, François Chérèque,
de se priver durablement de partenaires précieux pour les futures réformes.

DEREK PERROTTE
SOURCE LES ECHOS.FR
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