GARE À L’ÉTATISATION ET À LA MAÎTRISE COMPTABLE-100908
10 sept. 2008
Entretien avec le secrétaire général de FO
JEAN-CLAUDE MAILLY: GARE À L’ÉTATISATION ET À LA MAÎTRISE COMPTABLE
Le Quotidien du Médecin du lundi 8 septembre 2008

LE QUOTIDIEN – Alors que les derniers réglages autour du projet de loi Hôpital, patients,
santé et territoires se prolongent, vous parlez déjà à FO de « pseudoconcertations »...
JEAN-CLAUDE MAILLY – Nous avons eu plusieurs fois l’occasion de discuter en direct avec la ministre et son cabinet de ce dossier et
notamment d’un point important, les ARS [agences régionales de santé, NDLR]. Et, à chaque fois, on a le sentiment qu’on nous écoute mais que cela ne change jamais rien ! C’est ça, la
pseudo-concertation.
Craignez-vous que les ARS soient synonymes d’étatisation
de l’assurance- maladie en l’état actuel du texte ?
Tout à fait. Il y a la mécanique de la révision générale des politiques publiques (RGPP), qui conduit à compresser les services
publics d’une manière générale, à diminuer le rôle des départements et à concentrer les pouvoirs dans les mains du préfet de région. L’ARS s’inscrit dans ce projet. Dans un tel cadre, je
considère que l’on se retrouve dans la même philosophie que celle du plan Juppé de 1995 sur la Sécurité sociale, que nous avions dénoncé à l’époque – y compris d’ailleurs avec certains syndicats
de médecins libéraux. Nous avions alors dénoncé l’étatisation de la Sécurité sociale, et notamment de l’assurance-maladie, puisque l’État reprenait plus de pouvoirs et remettait en cause le
paritarisme.
Vous souhaitez donc que Roselyne Bachelot fasse marche
arrière sur sa réforme ?
Oui. En 2004, le gouvernement nous écoutait. Il y avait une concertation sur la réforme de l’assurance maladie, avec nous et avec
d’autres. Il n’a pas retenu tout ce que l’on proposait, mais nous avons obtenu des modifications plus que sensibles sur le projet de texte. Là, depuis le début, nous avons prévenu qu’il y a un
point sur lequel FO ne sera jamais d’accord : la tutelle des ARS sur les caisses primaires d’assurance- maladie. Pour le moment, ils n’ont pas voulu bouger d’un iota là-dessus. Depuis quelque
temps, la CNAM a mis en place des directeurs coordinateurs régionaux. On peut très bien envisager de renforcer leur rôle, leur adjoindre un comité paritaire, et de mettre en place une
contractualisation, une convention au niveau régional entre l’assurance- maladie et l’État pour voir comment mieux coordonner soins de ville et soins hospitaliers. Après, chacun ferait son
boulot, sans que l’on mélange les deux réseaux. Au contraire, non seulement on est en train de mélanger les réseaux, mais l’échelon régional de l’assurance-maladie n’existe plus.
À FO, vous avez toujours défendu la maîtrise médicalisée
des dépenses. Vous pensez qu’elle n’est pas viable sous la forme de contrats passés entre les ARS et les CPAM ?
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