> POUR FO, C’EST UN MANDAT DE PLUS DE 2,5 MILLIONS DE SALARIÉS
La centrale syndicale exige des décisions du gouvernement dans les dix jours pour répondre aux revendications sur l’emploi et le pouvoir d'achat exprimées jeudi par les centaines milliers de
manifestants en grève.
Du jamais vu depuis des lustres: 300.000 personnes à Paris, autant à
Marseille, 90.000 à Toulouse, 80.000 Bordeaux, 60.000 à Grenoble et Clermont-Ferrand, 50.000 au Mans, 45.000 à Nantes, 40.000 à Montpellier, à Caen et Rouen, 35.000 à Lille et Rennes, 30.000
à Lyon, Poitiers et Angoulême, 28.000 à Nancy et Dijon, Tarbes et Pau, 25.000 à Perpignan, Nice, Saint-Nazaire et Roanne, 20.000 à Strasbourg, Lorient, Saint-Brieuc, Saint-Étienne, Tours,
Orléans, Evreux, 15.000 à Metz, Cherbourg, Bayonne, Chambéry et Vannes… Plus de 2,5 millions manifestants ont ainsi été recensés jeudi dans tout le pays par les organisateurs. La journée
interprofessionnelle de grève et de manifestations étant un succès incontestable, les syndicats (FO, CFDT, CFTC, CGC, CGT FSU, Solidaires et UNSA) ont donc réussi leur pari de mobiliser en
masse les salariés du privé et du public pour exiger plus d’emploi, plus de pouvoir d'achat et plus de services publics. Dès lors, on voit mal comment cette démonstration de force pourra
supporter de ne pas être prise au sérieux. «Le gouvernement et le patronat doivent maintenant répondre rapidement aux revendications», prévient FO.
Car, ce sont bien des revendications qui se sont exprimées jeudi par les salariés ou les personnels en grève des établissements scolaires et universitaires, des entreprises publiques, des
hôpitaux, des administrations, des ministères et des médias de l’audiovisuel public, des imprimeries de la presse écrite nationale, des sociétés de transports en commun, des commerces de la
grande distribution, des usines automobiles et des banques…
Pour s’en convaincre, il suffisait de lire les pancartes ou d’écouter les slogans, dont voici un petit florilège: «Assez de bla bla, du pouvoir d'achat»; «Ils ferment nos usines, ils ferment
nos écoles, y'en a ras-le-bol!»; "Ni pub ni soumise» (France 3); «la crise, c'est eux, ce n'est pas à nous de la payer»; «Sauvez les emplois, augmentez les salaires!»; «L'hôpital court à la
ruine»; «De l'argent pour l'hôpital, pas pour le capital»; «Travailler plus = travailler tous ensemble»; «Le dimanche libre et un vrai salaire», «Trop de politique spectacle, pas d'actes pour
les salariés»; «Non au temps partiel»; «Augmentation générale des salaires et des pensions»; «Arrêt des licenciements», «Il faut arrêter de payer pour les banquiers»; «La Sécu, elle est à
nous: on s'est battu pour la gagner, on se bat pour la garder»...
Il ne s’agissait donc pas là de l’expression d’une «angoisse» ou d’une quelconque «souffrance» émanant d’un grand corps malade qu’il faut «écouter» pour le traiter ensuite avec des réformes
libérales engagées ou programmées avant la crise économique. N’en déplaise à l‘Élysée qui a continué à prétendre vendredi matin, par la voix de Raymond Soubie, conseiller social de Nicolas
Sarkozy, que la mobilisation du 29 janvier a rempli «une fonction d'exorcisme à l'égard de la crise, et une fonction plus générale de manifestation de cette angoisse (…) organisée très
légitimement par les syndicats». Pour le président de la République, «le premier devoir (de l’exécutif), c'est de l'écouter, cette inquiétude, de la comprendre, et de dialoguer à son sujet.
Et le deuxième (…), c'est de maintenir et de renforcer sa détermination (...) à porter les solutions concrètes» du gouvernement, a expliqué encore M. Soubie, pour qui, ce que les Français
attendent, c'est «quelqu'un sur le bateau qui est un capitaine et qui maintient le cap quels que soient les vents forts ou contraires». Autrement dit, le pouvoir exécutif entend maintenir et
même renforcer sa politique!
Évoquant enfin une réunion qui «va être fixée en commun avec les organisations syndicales et patronales quelque part dans le mois de février», le conseiller social a indiqué qu’il y aura «des
discussions préparatoires» pour arrêter un «programme de travail en commun 2009 sur des sujets (…) en grande partie sociaux».
Quoi qu’il en soit aujourd’hui, «il ne faudra pas que cela traîne», a prévenu le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, avant d’inviter, le gouvernement à «répondre dans les dix jours
à venir» par du «concret», sinon ce serait «irréel, irresponsable». Car, a-t-il souligné, avec «2,5 millions de manifestants dans la rue, ce n'est pas une psychothérapie (…). Cela signifie
qu'ils donnent un mandat aux syndicats» et «ne pas y répondre, jouer le calendrier ou dire "on ne va rien changer", cela ne pourrait être interprété que comme du mépris». Et le leader de FO
d’ajouter: si le président de la République «écoute et qu'il entend, il doit également modifier l'analyse des pouvoirs publics sur la nature de la politique économique avec la crise». En
clair, lorsque Nicolas Sarkozy déclare, «je vous ai écouté», Jean-Claude Mailly, lui, attend qu’il dise, «je vous ai compris».
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