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Extrait du Bien Public 
Ils prennent la vinaigrette pour des « salades »

A la direction qui propose le rapatriement de la vinaigrette tchèque, l'intersyndicale oppose une grève illimitée car elle n'y croit pas.


Pas du tout convaincus par la proposition de la direction, les salariés d'Amora-Maille ont voté hier, la grève illimitée qui a pris effet immédiat sur deux des trois sites (Dijon et Appoigny, dans l'Yonne). C'est du point de vue de l'intersyndicale, la dernière solution qui lui resterait, compte tenu des blocages qu'elle impute à la direction et en attendant la réunion de mercredi qu'elle juge cruciale.
Cette proposition de la direction était pourtant destinée à ramener en Bourgogne une grosse activité, puisqu'Hervé Laureau, P-DG. d'Amora-Maille a obtenu l'accord du groupe Unilever pour rapatrier à Chevigny-Saint-Sauveur une chaîne de production de vinaigrette, actuellement implantée en République tchèque. Cette décision ne serait pas neutre, puisqu'elle permettrait de produire 11 000 tonnes, dont 5 000 sont destinées au marché français.
Dans notre édition de samedi, Hervé Laureau expliquait que ce transfert de volume s'ajouterait aux 82 000 tonnes prévues sur ce site, à la suite de la restructuration du groupe. De ce fait, Chevigny deviendrait la plus grosse usine de condiments d'Europe. Elle serait créatrice de nouveaux emplois. Ce sont 32 postes qui s'ajouteraient aux 50 offres d'emplois enregistrées auprès des entreprises de la région, sans omettre les 52 postes transférés à Chevigny dans le cadre de la réorganisation. Au final, Hervé Laureau trouverait ainsi des solutions pour 134 des 244 personnes risquant de perdre leur emploi : « J'arrive même à trouver une solution pour chacun, en prenant en compte les postes ouverts dans le groupe et on n'a même pas démarré le recours à l'antenne emploi. Dans cette affaire, ma responsabilité est l'emploi, pas de faire des chèques valise ».
« On n'y croit pas »
Le problème c'est que l'intersyndicale prend mal cette proposition qui est conditionnée à l'abandon de la revendication des 400 000 € d'indemnité par personne licenciée. Pour la direction, cette revendication n'est tout simplement pas raisonnable. En contrepartie, Hervé Laureau explique qu'il a fait le forcing auprès du groupe pour rapatrier la vinaigrette et limiter autant que possible, l'impact social.
Pour Jean-Pierre Cordier, délégué FO, cette proposition est surtout un effet d'annonce qui fait suite à « des pressions et des chantages ». Bien plus, il déclare : « Ce transfert, on n'y croit pas. C'est un leurre. On se moque de nous. Quand la vinaigrette était partie de Dijon vers la Tchéquie, on nous avait expliqué que c'était pour des raisons de rentabilité, alors qu'on sait que cette vinaigrette ne se vendait plus sur le marché français à la suite d'une erreur marketing du flacon. Sur les emplois, on nous ment à propos du recasement sur la plate-forme de logistique à Fauverney. Si on décide aujourd'hui cette grève illimitée, c'est qu'on n'a pas d'autres moyens et qu'on arrive aujourd'hui à une situation de blocage ».

Hervé Laureau répond à cette critique : « Ce transfert de la ligne vinaigrette n'était pas le plus économique pour le groupe Unilever, car la production en Tchéquie était plus rentable en coût global ; mais je ferai en sorte que Chevigny soit plus rentable en coût variable en la rendant plus compétitive, sans les frais fixes. C'est vrai que le changement de bouteille nous a fait perdre des parts de marché ; mais depuis six mois, on en reprend. Ce n'est pas un effet d'annonce, mais une solution pérenne. On va transférer cette ligne sur Chevigny qui avait été investie il y a deux ans et forcément, ça va coûter quelques centaines de milliers d'euros, mais ma priorité reste l'emploi »
Dans l'état actuel, l'intersyndicale estime qu'elle n'a pas les moyens de se prononcer mercredi sur le Livre III qui portera sur la réorganisation. Pourtant la course contre la montre est engagée, car la direction veut obtenir un accord de fin de conflit avant le 23 mars.
Explication de texte
Dans ces conditions, comment la direction abordera cette journée de mercredi ? Interrogé hier sur ce point, Hervé Laureau ne voyait qu'une perspective : « Je vais réexpliquer mes propositions qui ne sont pas basées sur cette seule indemnité de 400 000 €. Il y a aussi la prime de reclassement rapide. Il y a également un congé de reclassement de 12 mois pour les plus de 55 ans avec le maintien de 80 % du salaire net, pendant cette période, ainsi que l'indemnité de différentiel de salaire sur une période pour ceux qui travailleront dans une autre entreprise. Il y a enfin un budget de formation. Certaines de ces propositions ont déjà été validées. »

Franck BASSOLEIL


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