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L’exaspération des salariés de l’usine de Villemur-sur-Tarn fait suite à la découverte d’un véritable complot fomenté par la direction de l’équipementier automobile.

 
Trahison, clonage et automobiles. Ce pourrait être le titre du scénario cousu de fil blanc imaginé par les dirigeants de l'équipementier automobile américain Molex pour se débarrasser de l'usine de Villemur-sur-Tarn (Haute-Garonne) et ses 283 salariés. Tout a commencé le 23 octobre 2008 lorsque la direction française a annoncé aux syndicats sa décision de fermer le site en juin 2009 pour le transférer ailleurs. Elle invoque alors des raisons économiques liées à la crise du secteur automobile pour justifier le déménagement des activités de Villemur en Slovaquie, voire en Allemagne. Ces explications avaient laissé quelque peu dubitatifs les syndicats, notamment au regard des bons résultats du groupe (voir notre article du 8 novembre 2008). Depuis, ils ont appris que la décision remontait en fait à l’été 2008, soit plusieurs mois avant la dégradation du marché de l’automobile.

C’est la raison pour laquelle les salariés de Molex, avec le soutien sans faille de la population de Villemur et de ses élus locaux, n’ont eu de cesse depuis de se mobiliser et de manifester pour dénoncer une fermeture programmée et organisée de longue date et qui fait l’objet d’une plainte déposée en novembre dernier par le comité d’entreprise (CE). Cette plainte vise notamment à obliger la direction à communiquer aux instances représentatives du personnel les informations économiques et financières susceptibles de motiver le « plan de sauvegarde de l’emploi» (PSE) qui leur a été présenté. Car les dirigeants de Molex Automotive SARL voulaient proposer ses «mesures de sauvegarde de l'emploi et les conditions financières d'accompagnement aux représentants du personnel» en s’affranchissant de cette étape essentielle qu’est la divulgation des documents comptables de l’entreprise. La plainte pour «délit d’entrave» à la consultation et l’information du CE est toujours en cours d’instruction mais les éléments découverts au fil des semaines par les syndicats ont conforté les soupçons des salariés.

Ainsi, «lors de la réunion du CE lundi dernier, nos patrons ont reconnu avoir mis en place en catimini un double système de production pour alimenter ses clients. Ils avaient notamment constitué des stocks a d’hoc aux Pays-Bas, via ses usines basée aux USA», rapporte le délégué FO, Thierry Bonhoure, avant de préciser que «le pire, cela était d’avoir la confirmation, ce jour-là, qu’ils avaient ordonné le clonage des moules de fabrication des pièces confectionnées à Villemur». D’où l’explosion de colère des salariés et la rétention de deux dirigeants de Molex durant la nuit de lundi à mardi par une partie d’entre eux. «Comment ne pas comprendre cette exaspération des ouvriers de Villemur? On leur a menti, on les a trahis et pour finir on vole leur savoir-faire», explique Jo Bellanca, secrétaire général de l’Union départementale FO des syndicats de Haute-Garonne. Dès lors, pour lui, «nous ne sommes plus dans le cas Molex dans le cadre normal d’un PSE tel que l’entreprise américaine veut imposer. La crise a bon dos et certains patrons sont prêts à tout pour en profiter». Tout en reconnaissant les faits, la direction a nié jusque-là toute «préméditation» et toute volonté de dépecer l’outil de travail de Villemur. Selon ses porte-parole, il s’agissait simplement de sécuriser la production pour satisfaire ses clients. Sauf que, fait remarquer le délégué FO, «il faut entre 6 mois et un an pour dupliquer le protocole de fabrication des pièces utilisées dans notre usine. Preuve, s’il en était besoin, que la décision de déserter le site a été prise bien avant son annonce officielle et les difficultés économiques avancées du secteur automobile». La justice tranchera.

Les syndicats mettent en cause également le groupe PSA. L’un des principaux clients de Molex était, semble-t-il, au courant des manœuvres de son fournisseur alors qu’il a toujours prétendu le contraire. «"Il nous a été, jusqu’à maintenant, difficile de peser sur la politique industrielle" nous disait le 20 février PSA en réponse à un courrier de FO, mais on a appris depuis que le constructeur automobile était au parfum depuis un moment des agissements de Molex au regard d’un échange de mails entre les deux entreprises», s’indigne Thierry Bonhoure (FO), qui rappelle que «Peugeot-Citroën a signé récemment la "charte" de bonne conduite en terme d’emplois après voir encaissé des milliards de subvention de l’Etat». Pour les syndicats, si un constructeur automobile de cette taille n’avait pas cautionné les actes de Molex, les salariés n’en seraient peut-être pas là aujourd'hui. Ils attendent désormais les négociations engagées la semaine dernière sous la houlette de la direction départementale du travail.
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