A l'issue d'une réunion de près de trois heures entre représentants des salariés et direction, la délégation a déploré l'échec des négociations. La colère a alors explosé. : Joël Le Gall 200 salariés venus de toute la France ont manifesté, hier, devant le siège du groupe dont huit filiales ont été placées en redressement judiciaire depuis juillet. 900 emplois sont concernés. Il est presque 11 h. Devant l'entrée du siège social du groupe Legris, rue de Paris, c'est le brouhaha. Le bruit des bidons métalliques, sur lesquels les salariés tapent en cadence, fait écho aux sirènes hurlantes et aux sifflets. 200 salariés du groupe Legris ont fait le déplacement dans la nuit en car depuis la Vendée, le Maine-et-Loire, l'Oise ou la Côte-d'Or. Jusqu'à cette porte d'entrée, devant laquelle ils vont faire le siège jusqu'à l'après-midi. Incompréhension et colère Vers midi, une délégation d'une vingtaine de personnes est reçue par quatre membres de la direction. L'attente de leur sortie commence alors. Chez la plupart des salariés, c'est l'incompréhension qui domine sur la colère. « En 2008, nous avons fait de bons résultats, explique Roland Bodineau, membre du comité d'entreprise de Fimec, basé dans le Maine-et-Loire. La trésorerie était saine avec près de 9 millions d'euros. Mais ils ont tout fait remonter cet argent vers la maison-mère. Et après, ils nous disent que nos caisses sont vides ? » « 30 millions d'euros ont été distribués aux actionnaires du groupe Legris début 2009 », complète un salarié d'Adler, une filiale basée à Soissons. Pour la direction, ce sont les mauvaises circonstances économiques qui expliquent ces mises en redressement judiciaire. « Il n'y a plus aucune visibilité sur le marché. Nous avons enregistré 140 millions d'euros d'annulation de commandes et une chute de 70 % de notre activité au premier semestre 2009. Un plan de renforcement a été lancé en juillet, mais il s'est révélé caduc fin octobre car les résultats ont été pires que nos prévisions », indique le porte-parole de la direction. « C'est un échec » À 14 h, les salariés restent sans nouvelle de la délégation. L'impatience commence à se faire sentir. Un feu est improvisé devant l'entrée. Chacun vient y déposer cartons, papiers, puis les plantes des alentours. « Il va falloir qu'on commence à agir ! », tempête un salarié. Il est près de 15 h lorsque la délégation sort finalement de la réunion. Les visages sont fermés. « Le dialogue a été un échec. Le groupe veut faire payer à l'Etat nos plans sociaux. La direction estime que la gestion de Keyria a été défaillante, alors qu'elle a été nommée par le groupe Legris. » Dans la foulée, la colère explose. Les manifestants réquisitionnent les poubelles et des morceaux de caoutchouc des alentours pour alimenter le feu. Des vitres de la porte d'entrée sont brisées. Devant l'ampleur des flammes qui lèchent les vitres du siège social, les sapeurs-pompiers interviennent sous les sifflets. Les salariés se calment rapidement puis rejoignent leurs cars. « On aura au moins fait monter la pression », se félicite un salarié en partant. On saura dans quatre mois si les six filiales placées, en redressement judiciaire la semaine dernière, ont trouvé un repreneur. La décision tombera le 30 novembre pour les deux autres. Xavier THIERRY. Ouest-France
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