
Déculotée
À Paris, le 19 décembre, un millier d’enseignants du premier degré avaient même manifesté, à l’appel de cinq syndicats, du rectorat à l’Hôtel de Ville, pour que «les obligations de service des enseignants restent sous la seule responsabilité de l’État».
Pour la Fédération FO de l’Enseignement, de la Culture et de la Formation professionnelle, «plus que jamais, le ministre doit renoncer à publier» le décret sur la réforme des rythmes scolaires et, plus largement, sa loi d’orientation pour la refondation de l’école, qu’il doit présenter au Conseil des ministres du 23 janvier. FO appelle à organiser des délégations ce jour-là auprès des représentants de l’État (inspections académiques, rectorats, préfectures) et au ministère en région parisienne, et s’est adressée à toutes les autres fédérations syndicales pour leur proposer des initiatives communes à tous les niveaux.
L’ÉCOLE SOUS LA TUTELLE DES POUVOIRS LOCAUX
Le projet de décret sur les rythmes scolaires prévoit vingt-quatre heures de cours hebdomadaires pour les élèves des écoles maternelles et élémentaires, reparties sur neuf demi-journées, avec une amplitude maximale de cinq heures trente par jour et trois heures trente par demi-journée, la pause de midi ne pouvant «être inférieure à une heure trente». Cela implique l’ajout d’une demi-journée le mercredi matin, ou le samedi matin avec dérogation.
Qui déciderait? Le projet de décret confie l’organisation de la semaine scolaire au DASEN, directeur académique des services de l’Éducation nationale. Mais celui-ci agira «sur proposition du conseil d’école, du maire ou du président de l’établissement public de coopération intercommunale intéressé».
Actuellement, l’organisation du temps scolaire pour les enseignants et les élèves est définie nationalement et le calendrier scolaire arrêté par le ministre de l’Éducation nationale. Le projet Peillon renverse ce fonctionnement, allant jusqu’à demander au DASEN de s’assurer que toute proposition d’organisation de la semaine scolaire «est cohérente avec le projet éducatif territorial élaboré conjointement par la collectivité, les services de l’État et les autres partenaires intéressés...». L’école publique et les enseignants se retrouveraient sous la tutelle des collectivités territoriales, du jamais vu dans la République.
* Cinq voix pour: ARF, ADF (Association des Régions de France, Association des départements de France) et Ligue de l’Enseignement. Vingt-trois voix contre: FO, FSU, CGT, SUD, SNALC, PEEP. Trente abstentions: CFDT, FCPE, SNPDEN, UNEF, MEDEF. Quatorze refus de vote: UNSA.
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