ledauphine.com | Savoie: Le leader du syndicat FO en visite ce vendredi 19 avril 2013

Jean-Claude-Mailly, secrétaire général de Force ouvrière, est aujourd’hui en Savoie. Il part à la rencontre des adhérents pour réaffirmer les revendications du syndicat. L’occasion de faire le point avec lui sur l’emploi, l’affaire Cahuzac, la politique de Hollande…

Quel message allez-vous adresser à vos adhérents savoyards?
«Je me déplace régulièrement dans les départements. Pas uniquement pour des congrès mais aussi pour des journées de syndicalisation, où je vais à la rencontre des adhérents (une visite est prévue ce matin à Castorama, zone des Landiers à Chambéry, NDLR). Pour la Savoie mon, message s’axera autour du travail saisonnier, la pluriactivités…»

Bientôt un an que François Hollande est au pouvoir. Quel bilan tirez-vous?
«Le pacte budgétaire européen a été accepté sans renégociation. Nous sommes ainsi entrés dans ce que j’appelle la seringue de l’austérité.
La situation, nous oblige à faire pression sur les dépenses publiques et à remettre en cause les missions de service public. On ne peut plus bouger sur le plan économique, alors, on touche au social».

Loin d’une politique de gauche...
«C’est dans la continuité d’une politique économique lancée par le précédent gouvernement. Et selon moi, cela nous conduit droit dans le mur. On le voit dans les pays qui ont fait plus d’austérité que nous (Espagne, Portugal…), les déficits publics augmentent et les inégalités avec. Aujourd’hui, les adhérents me disent souvent: "Le changement, c’est pour quand?"»

Actuellement, votre principal combat, c’est la loi de sécurisation de l’emploi. Que lui reprochez-vous?
«De faire la part belle à la flexibilité du travail, en exauçant de vieilles revendications patronales. Cet accord est difficile à expliquer car il comporte plusieurs dimensions. Mais comme toujours, les salariés vont découvrir les dangers de cette loi une fois qu’ils y seront confrontés. Ils découvriront que certains délais ont été raccourcis, que l’obligation de faire un plan de sauvegarde pour une entreprise avec des reclassements a connu des modifications. Et sur les droits nouveaux pour les salariés, rien n’est encore fait. C’est un texte dangereux.
Mais que voulez-vous, il n’y a plus de marge de manœuvre budgétaire, on joue sur le pouvoir d’achat, les dépenses sociales et donc la flexibilité. C’est ça que nous condamnons.»

Quelles sont vos préconisations en termes d’emploi?
«Il faut, déjà, une politique budgétaire différente, et retrouver une croissance d’au moins 1,5%, pour créer de l’emploi. Après, il faut lutter contre toutes les formes précaires de l’emploi, en pénalisant tous ces types de contrats. Il faut également interdire les stages hors études qui concernent près de 800.000 anciens étudiants.»

Quel regard portez-vous sur l’affaire Cahuzac et la transparence demandée aux élus?
«Sur la transparence, il y a un côté voyeuriste. Mais il y a ce vrai problème de l’existence des paradis fiscaux. Il y a urgence à interdire toutes ces procédures dans le monde.
L’affaire Cahuzac nous montre que rien de sérieux n’a été fait sur cette question. Et je crains que des mesures d’envergure tardent à être prises car les intérêts sont nombreux et les circuits compliqués. Mais les gens vont se rebeller, c’est obligé.»

L’exercice du contre-pouvoir évolue-t-il?
«Je parlerais plutôt de contrepoids. Disons qu’avec la crise, les syndicats sont dans la résistance. On ne se bat pas pour de nouveaux droits mais plutôt pour garder ceux que les salariés ont. Quand on milite, c’est qu’on est optimiste. Les choses vont changer, il faut garder la tête haute et nos revendications, et saisir toutes les opportunités.

Le secteur de l’industrie souffre en Savoie. Vous suivez les différents dossiers (Rio Tinto, Spirel, Camiva…)?
«Oui, nos fédérations suivent ces dossiers. Aujourd’hui, il faut une stratégie industrielle: retrouver de la croissance, instaurer une relation entre donneurs d’ordres et sous-traitants comme a su faire l’Allemagne. Enfin, la banque publique d’investissement doit intervenir sur des critères d’intérêt général et sans être uniquement motivée par le cash.»

Propos recueillis par Clément Debiolles
 
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