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Emploi et pouvoir d’achat
LA POLICE NATIONALE EST MENACÉE, ELLE AUSSI


 

À l’appel d’Unité-SGP-FO, des milliers de policiers ont manifesté jeudi pour dénoncer les suppressions des postes, la stagnation des salaires, le «management agressif » et la «politique du chiffre» qui transforme le service public en «entreprise privée».


 

 

Comme ils le disent eux-mêmes, les policiers ont «ras la casquette» et «ras le képi». Le 3 décembre, à l'appel d’Unité SGP Police FO, ils étaient plus de 6.000 à manifester leur «colère» à Paris et dans plusieurs grandes villes de France. Gardiens de la paix, brigadiers, brigadiers-chefs ou major ont ainsi dénoncé l'entreprise de démolition du service public de la police nationale et républicaine. «Nous sommes à bout. À bout de la suppression des postes dans la logique de la RGPP (révision générale des politiques publiques), à bout des conditions de travail dégradées, à bout de la politique du chiffre, à bout des coups de collier à répétition, à bout du management agressif de la hiérarchie, à bout des retraites menacées, à bout des salaires qui n'évoluent pas!», résume le secrétaire général du syndicat issu du rapprochement entre le SGP-FO et l’UNSA-Police.

«On est en train de transformer le service public (…) en une véritable entreprise privée avec cette religion du chiffre et ses conséquences sur les citoyens mais aussi un climat social qui se cesse de se dégrader», explique FO. Une politique du chiffre qui découle directement de cette culture de résultat où la quantité de travail doit primer sur sa qualité et qui s’exprime, selon Nicolas Comte par «la bâtonnite bête et méchante». En clair, cela consiste à côcher des bâtons dans les tableaux statistiques destinés à comptabiliser toujours plus de PV, d’interpellations et de gardes à vues (en hausse de 35% du nombre ces dernières années). En termes statistiques, un fumeur de cannabis compte pour une infraction constatée, une mise à disposition à l'officier de police, un fait élucidé, et donc une affaire résolue. C’est pareil pour l’interpellation d’un sans-papiers.


France Bleu Ile de France, Nicolas Comte dénonce la culture du résultat



Le travail de policiers est apprécié au rythme de toutes sortes de missions avec des objectifs toujours inatteignables alors que ces derniers doivent se traduire par des notes administratives, gages d’avancement dans le déroulement de carrière et de primes exceptionnelles de résultat. Il faut savoir qu’un gardien de la paix ne touche que 1.200 euros en début de carrière, précise FO. Les policiers se trouvent alors coincés entre une hiérarchie qui leur en demande toujours plus avec des heures sup’ non récupérées et la population qui ne les comprend plus. Cette politique est, qui plus est, mise en œuvre sans les moyens humains et matériels nécessaires. La RGPP est passée aussi par là. Dès 2010, elle devrait entraîner la suppression de près de 2.800 postes avec les départs en retraite non remplacés.

FO en appelle maintenant à la responsabilité du gouvernement qu’il accuse d'avoir programmé le «pourrissement social» dans la police. Le syndicat réclame la reprise des négociations rompues avec le ministère de l'Intérieur afin de discuter du problème des effectifs, de la grille salariale, des retraites, des heures supplémentaires. Après le «vif succès de la journée d'action nationale» de jeudi, Nicolas Comte prévient : «si cela n'est pas suffisant, nous programmerons une journée de manifestations régionales dans quelques semaines et si cela ne suffit pas encore ce sera une manif' monstre à Paris».
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