> LA RGPP A FAVORISÉ LA CRISE DU CHEVAL - 020313
01 mars 2013Protection des consommateurs
Conséquence des suppressions de postes dans les différents services publics de contrôle sanitaire, les agents n’ont plus les moyens de mener à bien leurs
missions.

Dans l’Hexagone, le contrôle de la sécurité des aliments est assuré par deux services complémentaires. D’un côté, les services vétérinaires de la Direction générale de l’alimentation, rattachés au ministère de l’Agriculture, s’occupent des aspects sanitaires et d’hygiène, de l’étable à l’assiette. Ils inspectent les animaux, les carcasses, effectuent des analyses biologiques... De l’autre, les agents de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) sont chargés de relever les fraudes et les tromperies. Ils dépendent du ministère des Finances.
Ces deux services ont payé le prix fort de la Révision générale des politiques publiques (RGPP) et de la réorganisation territoriale (REATE). Non seulement leurs effectifs ont fondu, mais leurs structures ont été localement désorganisées. Pour réaliser des économies d’échelle, ils sont regroupés dans les départements avec les services de la jeunesse et du sport, le logement, la vie associative...
Bientôt le poisson dingue?
«Les services vétérinaires ont perdu 20% de leurs effectifs en dix ans, la crise du cheval en est l’une des conséquences», dénonce Patrice Maître, Secrétaire général de l’Union des syndicats FO du ministère de l’Agriculture. Quant à la répression des fraudes, elle a perdu 8% de ses postes en deux ans et son activité a baissé de 20%. Les syndicats FO de la DGCCRF, des services vétérinaires et des douanes alertent depuis des années leurs ministres sur les risques encourus.
«On se retrouve en difficulté sur le terrain, on est à la limite du système, poursuit Patrice Maître. La présence des agents dans chaque abattoir reste obligatoire, mais on délaisse de plus en plus les inspections dans les magasins, les restaurants et les marchés, là où on détectait les fraudes.»
L’encadrement réglementaire ne favorise pas les choses. Systématique pour la viande fraîche, la traçabilité n’est pas obligatoire pour les produits transformés. Et les contrôles sont rendus plus complexes par le libre-échange entre États membres de l’Union européenne, la multiplication des intermédiaires et la spéculation sur les matières premières.
Plus grave, pour pallier le manque d’effectifs, l’État expérimente depuis un an la mise en place d’un auto-contrôle sanitaire par les industriels dans les abattoirs, avec des inspections aléatoires. La responsabilisation des professionnels en matière de sécurité alimentaire est déjà la base de la politique européenne.
L’association FO de consommateurs AFOC vient d’émettre un certain nombre de recommandations au gouvernement pour éviter qu’un tel scandale ne se reproduise. Amélioration de l’étiquetage, meilleur encadrement du trading, déblocage de moyens pour les services de contrôle de l’État...
L’AFOC met aussi en garde sur le scandale annoncé du poisson dingue, puisque la Commission européenne vient d’autoriser les farines animales pour nourrir les poissons d’élevage.