Précarité

Après dix-neuf mois de hausse ininterrompue, le nombre de demandeurs d’emploi a stagné en décembre.

«Il est des records dont on ne peut pas se féliciter, a réagi Jean-Claude Mailly le 24 janvier lors du meeting FO contre l’austérité. Le seuil symbolique des 3 millions de chômeurs, soit 10% de la population, a été atteint en octobre dernier et depuis c’est l’escalade.» En décembre, les chômeurs sans activité (catégorie A) étaient 3.132.900 selon les chiffres publiés le 25 janvier par la Dares. En tenant compte de l’outre-mer et des chômeurs exerçant une activité réduite, ce sont 4.917.500 personnes qui pointent à Pôle emploi. Après dix-neuf mois de hausse ininterrompue, le chômage enregistre une stagnation. Les demandeurs d’emploi sans activité étaient 3.132.600 en novembre dernier, soit 300 personnes de moins. Mais rapportée à l’année, la hausse aura été de 10% en 2012. Pour les jeunes de moins de 25 ans, la hausse de la catégorie A est elle aussi nulle en décembre et de 9,4% à l’année. Pour les seniors en revanche, elle s’est encore aggravée avec +1% en décembre et +16,9% en 2012.

L’UNEDIC, organisme qui gère l’assurance-chômage, prédit 185 500 chômeurs sans activité de plus en 2013. Dans une note de conjoncture, l’Insee confirme la poursuite de cette dégradation sans équivalent depuis quatorze ans avec 10,5% de chômeurs en juin. Le chef de l’État a promis une mobilisation maximale de tous les outils antichômage pour inverser les courbes fin 2013. Mais pour quelle efficacité et à quel prix pour les salariés?

L’accord national sur la compétitivité et la sécurisation de l’emploi du 11 janvier dernier, rejeté des deux mains par FO, fait la part belle aux revendications patronales et à la flexibilité. Et «les vieilles recettes maintes fois utilisées, tels les contrats aidés, emplois d’avenir et contrats de génération, ne régleront pas le problème de fond», ajoute Jean-Claude Mailly.

80% des chômeurs ne touchent que 1.000 euros par mois

Pour réduire le chômage, il faut une croissance de 1,5% en période normale. Or les prévisions budgétaires de Bercy reposent sur une croissance de 0,8% en 2013, un taux beaucoup trop optimiste selon l’UNEDIC qui table sur... 0,1%. Le Fonds monétaire international vient lui d’abaisser sa prévision à 0,3%. Le chômage va donc continuer à augmenter.

Autre inquiétude, un rapport de la Cour des comptes du 22 janvier appelle les interlocuteurs sociaux à une réforme de l’assurance-chômage pour réduire l’indemnisation des chômeurs, alors que la dette de l’organisme pourrait monter à 18,6 milliards fin 2013. La Cour estime que la France est bien trop généreuse envers les demandeurs d’emploi. «Quatre-vingts pour cent des demandeurs d’emploi perçoivent aux environs de 1.000 euros, est-ce un si grand privilège, s’interroge Stéphane Lardy, Secrétaire confédéral FO chargé de l’emploi et du chômage. Le système proposé par la Cour des comptes consiste à enfoncer un peu plus les demandeurs d’emploi dans la pauvreté.»

Selon lui, la solution est plutôt de surtaxer l’ensemble des contrats précaires, CDD et intérim, qui coûtent très cher à l’assurance-chômage et servent de variable d’ajustement aux employeurs.

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