> «MES SOUVENIRS D'ENFANCE SONT EN ARTOIS» - 260213
25 févr. 2013Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO |
NordLittoral 24/02/2013


respectés de France. Jean-Claude Mailly est un homme qui compte dans les négociations syndicales. Si on connaît l'homme par son combat syndical, ce que l'on sait moins, c'est que
Jean-Claude Mailly est un Artésien pure souche. Il a passé son enfance et son adolescence entre Béthune et Lens.» NordLittoral 24/02/2013
Racontez-nous votre enfance dans l'Artois...
Je suis un Artésien pure souche. Je suis né à Béthune, mais j'ai passé très peu de temps dans cette ville, car mes parents ont déménagé entre temps.
J'ai du vivre juste quelques mois dans la cité de Buridan. Mes grands-parents habitaient rue du Halage, puis près du stade d'honneur. Après, mes parents sont partis en région parisienne pendant cinq ou six ans, avant de revenir dans l'Artois, mais cette fois-ci à Lens. J'y suis resté jusqu'à mes 25 ans. J'ai fait mes études au collège Carnot et au lycée Condorcet à Lens, avant de partir à Lille après le baccalauréat.
Quels souvenirs gardez-vous de votre adolescence dans l'Artois?
Que de bons souvenirs. Mes grands-parents habitaient à Béthune et à Lens. J'ai de nombreux souvenirs avec mes amis d'enfance, mais on s'est ensuite perdus de vue. Je me souviens des soirs de match à Bollaert. Je m'y rendais avec mon père et mon grand-père. C'est grâce à eux que je suis devenu supporteur de ce club. Je me rappelle surtout les grands matchs des années 1960. J'ai passé de très bonnes années dans l'Artois.
Comment était la famille Mailly?
Une famille ordinaire comme beaucoup de familles dans l'Artois. Ma mère était couturière de métier. Mon père travaillait à la Sécurité sociale, puis à l'Urssaf. Surtout, nous étions dans une région marquée par les mines. Et mon arrière-grand-père était une figure du syndicalisme dans les mines de l'Artois.
Parlez-nous justement d'Henri Mailly
Mon arrière-grand-père était quelqu'un de reconnu. Il avait un physique impressionnant et il était respecté. Il a été président de la caisse des mines de Noeux-les-Mines et a gagné plusieurs surnoms. On l'appelait le Jaurès des mineurs ou encore le père Polonais. Ce sont les mineurs polonais, eux même, qui l'ont surnommé ainsi, car il s'est battu pour qu'ils aient les mêmes droits que les mineurs français. Il a d'ailleurs été licencié à plusieurs reprises pour activité syndicale. C'était un contemporain de Basly et il a même été candidat aux élections politiques.
Une rue porte d'ailleurs son nom à Lens...
Oui, c'est une grande fierté pour toute la famille. Cette rue a été inaugurée en 2010, c'est un peu une reconnaissance pour ce qu'il a fait pour le territoire. J'étais là avec mes parents quand a eu lieu l'inauguration.
Racontez-nous quelques anecdotes sur votre enfance
Des anecdotes, j'en ai à la pelle. Je me souviens surtout des balades à vélo quand nous étions petits. Je me revois disant à mes parents "Je vais au Canada", alors qu'on partait à Vimy. C'était une blague que l'on faisait souvent, car à Vimy il y avait le cimetière canadien. On se promenait aussi dans les trous d'obus. Une autre époque ! J'ai d'autres souvenirs de moments passés près du stade de football, qui était un marais à l'époque. Mais heureusement, la ville a bien changé.
C'est aussi dans l'Artois que vous vous êtes forgé un caractère de syndicaliste?
Oui, c'est exact. Quand on naît dans une famille empreinte de syndicalisme, on baigne forcément dedans. Chez les Mailly, il y a une forte tradition syndicale. Quand j'étais petit, je me souviens des mouvements de grève. C'était impressionnant. C'est aussi dans le Béthunois et le Lensois que j'ai mes premiers souvenirs de militant.
Conservez-vous des attaches dans le Béthunois ou le Lensois?
Oui, absolument. Mes parents habitent toujours à Lens et ma marraine à Béthune. Donc, je reviens régulièrement dans la région pour voir ma famille, à raison d'une fois par mois en moyenne. J'y étais d'ailleurs le week-end dernier. Je suis plus souvent à Lens qu'à Béthune. C'est important pour moi de ne pas couper le contact avec mes racines.
Quel regard portez-vous sur l'Artois?
La région, dans son ensemble, a bien changé et heureusement. Quand je vois la transformation de Lens, cela me fait plaisir. L'arrivée du Louvre est une bonne chose, qui a permis à la ville de se restructurer en partie, mais aussi de créer des emplois et de relancer de l'activité. Je trouve que Béthune reste une très jolie ville, mais qu'elle est moins dynamique que Lens actuellement. Certainement un des effets du Louvre-Lens.
Comment avez-vous fait le choix de Force ouvrière?
Même si mon père était déjà syndicaliste à Force ouvrière, j'ai pris le temps de la réflexion avant d'intégrer les rangs du syndicat FO. Le déclic a eu lieu quand j'étais étudiant à Lille. Lors de mon travail de fin de cycle à la Fac, j'ai travaillé sur les rapports entre les syndicats et la Sécurité sociale. Et là, j'ai définitivement fait mon choix, car c'est un syndicat qui garantissait notamment la liberté et l'indépendance. Ce qui compte beaucoup à mes yeux.
Vous êtes à la tête de Force ouvrière depuis neuf ans. Qu'est-ce que cela a changé pour vous?
Plus de responsabilités, mais c'est aussi parce que je le voulais bien. Ce sont des mandats de trois ans. Si mon travail n'était pas à la hauteur, les militants pourraient élire quelqu'un d'autre. Ce n'est pas le cas pour le moment. Ce poste national est aussi une fierté pour mes parents et pour ma famille, qui ont oeuvré dans le syndicalisme.
Votre fille est aussi adhérente à Force ouvrière. La saga des Mailly se poursuit...
Oui et non. Je n'ai pas demandé à ma fille d'adhérer au syndicat. C'est un choix qu'elle a fait elle-même, comme moi auparavant. D'ailleurs, comme ma femme, ma fille est adhérente, mais ne fait pas partie des organes de décision.
Vous allez bientôt battre à nouveau les pavés...
Oui, c'est prévu. On appelle à la grève et aux manifestations le 5 mars. Cela reste l'un des seuls moyens de pression des salariés sur les employeurs.
Quand on est syndicaliste, on espère toujours faire bouger les choses.
Propos recueillis par
Marc VASSEUR L'AVENIR DE L'ARTOIS
Racontez-nous votre enfance dans l'Artois...
Je suis un Artésien pure souche. Je suis né à Béthune, mais j'ai passé très peu de temps dans cette ville, car mes parents ont déménagé entre temps.
J'ai du vivre juste quelques mois dans la cité de Buridan. Mes grands-parents habitaient rue du Halage, puis près du stade d'honneur. Après, mes parents sont partis en région parisienne pendant cinq ou six ans, avant de revenir dans l'Artois, mais cette fois-ci à Lens. J'y suis resté jusqu'à mes 25 ans. J'ai fait mes études au collège Carnot et au lycée Condorcet à Lens, avant de partir à Lille après le baccalauréat.
Quels souvenirs gardez-vous de votre adolescence dans l'Artois?
Que de bons souvenirs. Mes grands-parents habitaient à Béthune et à Lens. J'ai de nombreux souvenirs avec mes amis d'enfance, mais on s'est ensuite perdus de vue. Je me souviens des soirs de match à Bollaert. Je m'y rendais avec mon père et mon grand-père. C'est grâce à eux que je suis devenu supporteur de ce club. Je me rappelle surtout les grands matchs des années 1960. J'ai passé de très bonnes années dans l'Artois.
Comment était la famille Mailly?
Une famille ordinaire comme beaucoup de familles dans l'Artois. Ma mère était couturière de métier. Mon père travaillait à la Sécurité sociale, puis à l'Urssaf. Surtout, nous étions dans une région marquée par les mines. Et mon arrière-grand-père était une figure du syndicalisme dans les mines de l'Artois.
Parlez-nous justement d'Henri Mailly
Mon arrière-grand-père était quelqu'un de reconnu. Il avait un physique impressionnant et il était respecté. Il a été président de la caisse des mines de Noeux-les-Mines et a gagné plusieurs surnoms. On l'appelait le Jaurès des mineurs ou encore le père Polonais. Ce sont les mineurs polonais, eux même, qui l'ont surnommé ainsi, car il s'est battu pour qu'ils aient les mêmes droits que les mineurs français. Il a d'ailleurs été licencié à plusieurs reprises pour activité syndicale. C'était un contemporain de Basly et il a même été candidat aux élections politiques.
Une rue porte d'ailleurs son nom à Lens...
Oui, c'est une grande fierté pour toute la famille. Cette rue a été inaugurée en 2010, c'est un peu une reconnaissance pour ce qu'il a fait pour le territoire. J'étais là avec mes parents quand a eu lieu l'inauguration.
Racontez-nous quelques anecdotes sur votre enfance
Des anecdotes, j'en ai à la pelle. Je me souviens surtout des balades à vélo quand nous étions petits. Je me revois disant à mes parents "Je vais au Canada", alors qu'on partait à Vimy. C'était une blague que l'on faisait souvent, car à Vimy il y avait le cimetière canadien. On se promenait aussi dans les trous d'obus. Une autre époque ! J'ai d'autres souvenirs de moments passés près du stade de football, qui était un marais à l'époque. Mais heureusement, la ville a bien changé.
C'est aussi dans l'Artois que vous vous êtes forgé un caractère de syndicaliste?
Oui, c'est exact. Quand on naît dans une famille empreinte de syndicalisme, on baigne forcément dedans. Chez les Mailly, il y a une forte tradition syndicale. Quand j'étais petit, je me souviens des mouvements de grève. C'était impressionnant. C'est aussi dans le Béthunois et le Lensois que j'ai mes premiers souvenirs de militant.
Conservez-vous des attaches dans le Béthunois ou le Lensois?
Oui, absolument. Mes parents habitent toujours à Lens et ma marraine à Béthune. Donc, je reviens régulièrement dans la région pour voir ma famille, à raison d'une fois par mois en moyenne. J'y étais d'ailleurs le week-end dernier. Je suis plus souvent à Lens qu'à Béthune. C'est important pour moi de ne pas couper le contact avec mes racines.
Quel regard portez-vous sur l'Artois?
La région, dans son ensemble, a bien changé et heureusement. Quand je vois la transformation de Lens, cela me fait plaisir. L'arrivée du Louvre est une bonne chose, qui a permis à la ville de se restructurer en partie, mais aussi de créer des emplois et de relancer de l'activité. Je trouve que Béthune reste une très jolie ville, mais qu'elle est moins dynamique que Lens actuellement. Certainement un des effets du Louvre-Lens.
Comment avez-vous fait le choix de Force ouvrière?
Même si mon père était déjà syndicaliste à Force ouvrière, j'ai pris le temps de la réflexion avant d'intégrer les rangs du syndicat FO. Le déclic a eu lieu quand j'étais étudiant à Lille. Lors de mon travail de fin de cycle à la Fac, j'ai travaillé sur les rapports entre les syndicats et la Sécurité sociale. Et là, j'ai définitivement fait mon choix, car c'est un syndicat qui garantissait notamment la liberté et l'indépendance. Ce qui compte beaucoup à mes yeux.
Vous êtes à la tête de Force ouvrière depuis neuf ans. Qu'est-ce que cela a changé pour vous?
Plus de responsabilités, mais c'est aussi parce que je le voulais bien. Ce sont des mandats de trois ans. Si mon travail n'était pas à la hauteur, les militants pourraient élire quelqu'un d'autre. Ce n'est pas le cas pour le moment. Ce poste national est aussi une fierté pour mes parents et pour ma famille, qui ont oeuvré dans le syndicalisme.
Votre fille est aussi adhérente à Force ouvrière. La saga des Mailly se poursuit...
Oui et non. Je n'ai pas demandé à ma fille d'adhérer au syndicat. C'est un choix qu'elle a fait elle-même, comme moi auparavant. D'ailleurs, comme ma femme, ma fille est adhérente, mais ne fait pas partie des organes de décision.
Vous allez bientôt battre à nouveau les pavés...
Oui, c'est prévu. On appelle à la grève et aux manifestations le 5 mars. Cela reste l'un des seuls moyens de pression des salariés sur les employeurs.
Quand on est syndicaliste, on espère toujours faire bouger les choses.
Propos recueillis par
Marc VASSEUR L'AVENIR DE L'ARTOIS