Les naturellement optimistes pourraient en déduire qu’il faut, dans les deux pays, établir, par exemple, un droit à la retraite à taux plein à 60 ans. Ce serait confondre optimisme et naïveté. Il s’agirait en fait d’aligner vers le bas, dans la logique du dumping social et fiscal qui s’est accentué en Europe sous l’effet de traités d’orientation néolibérale (Maastricht et Lisbonne notamment).
Notre conception de l’Europe est inverse: c’est celle du progrès social, de l’harmonisation vers le haut, de la remise en place de règles, à savoir la logique inverse à celle du capitalisme néolibéral à l’origine de la crise actuelle.
Dans le cas présent, il y a fort à parier que l’«âge de retraite commun» serait 67 ans! Ce que nos anciens appelaient la retraite des morts (celle dont on ne peut guère bénéficier) serait de retour.
C’est oublier aussi qu’en Allemagne, la durée de cotisation exigée n’est pas, comme en France, de 41,5 ans mais de 35 ans! C’est oublier encore que, tant en France qu’en Allemagne, les travailleurs n’ont pas avalé les contre-réformes qui leur ont été imposées.
Si l’on veut réellement sortir de la crise, c’est la logique du dumping social et fiscal qu’il faut casser. C’est aussi la seule manière de faire réapparaître l’Europe comme un espoir non comme une contrainte.
Vu les réactions suscitées par la déclaration du Premier ministre, Matignon a indiqué qu’aucun dossier retraite n’était aujourd’hui d’actualité.
Il nous appartient en tout cas d’être particulièrement vigilants et de maintenir toutes nos revendications, y compris bien entendu notre opposition à la mise en place d’un régime unique par points, qui introduirait la flexi-retraite, c’est-à-dire l’insécurité sociale.
Adepte du pilotage, le Premier ministre a, en l’occurrence, fait un dérapage incontrôlé.


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