«ON PEUT TENIR DEUX ANS S’IL LE FAUT»
Article paru dans FO Hebdo n°3026
FO Hebdo:
Comment en êtes-vous arrivés à concevoir une passerelle de bateaux ?
Manuel Diestre:
C’est un prototype sur lequel on avait commencé à travailler et qui a été abandonné par le patron. On s’y est remis et on a réussi à la
monter, sans plan ni bureau d’études. Pour la matière première, on a utilisé des pièces détachées des chaînes qu’on a adaptées. On va bientôt le mettre sur internet pour voir si quelqu’un est
intéressé. On cherche aussi à améliorer un hayon pour lequel on avait gagné le prix de l’innovation en 2001. Il était bourré d’électronique et on essaie de le refaire en version électrique, plus
facile à utiliser.
FO Hebdo:
Avez-vous les moyens de tenir encore longtemps?
Manuel Diestré:
Oui, j’avais dit en novembre au sous-préfet qu’on pouvait tenir deux ans s’il le fallait, il n’avait pas apprécié.
La mairie nous soutient, elle nous fait livrer des plateaux-repas tous les jours, ça nous aide financièrement.
Un journaliste m’a appris qu’on avait battu le record d’occupation d’usine en Côte-d’Or, qui était de 110 jours.
Nous on ne veut pas battre un record, on veut un repreneur.
En 2009 on avait déjà occupé l’usine pendant trois semaines et on avait été repris, on se dit pourquoi ça ne marcherait pas une deuxième
fois?
C’est dur quand même pour les nerfs, heureusement on a nos femmes qui nous soutiennent.
FO Hebdo:
Vous ne craignez pas une expulsion?
Manuel Diestré:
On s’attend à être expulsés par les forces de l’ordre, mais pas avant le premier tour de la présidentielle.
Pour l’instant, les candidats en campagne nous font des courbettes.
On a déjà essayé de nous couper le gaz et l’électricité, mais on a résisté.
Si les gendarmes viennent, on les a prévenus qu’on ne se laisserait pas faire.
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