Gilbert Marpeaux. A 61 ans, le secrétaire général départemental de FO tire sa révérence

Gilbert Marpeaux dans les locaux de l’union départementale FO, devant une photo du 1 er mai 1906, place du Théâtre à Dijon car l’Histoire a du sens. Photo F. Bassoleil

zoom

 

bravo.gifLe 6 juin, j’espère être libéré de toute cette pression, même s’il n’est pas question pour moi, d’arrêter de militer, explique Gilbert Marpeaux qui passera alors la main à son successeur, au cours du congrès de l’union départementale Force Ouvrière, après une quarantaine d’années de syndicalisme, dont quinze passés à la tête du mouvement.

 

Il était même depuis ces onze dernières années, secrétaire général adjoint FO chimie, au niveau national.

Siégeant à la commission exécutive confédérale depuis 1996, il n’a manqué qu’une seule réunion de ce qu’il est convenu d’appeler le parlement de FO.

 

Dans ces conditions, on a peine à l’imaginer dans son jardin, l’un de ses rares moments de détente, en compagnie de son petit-fils.

 

En revanche, on le voit bien en supporter de rugby, car s’il fallait parler d’une deuxième passion après le syndicalisme, et sa famille, il faudrait justement parler du rugby.

 

Né dans une famille d’agriculteurs d’Aubigny-en-Plaine, Gilbert Marpeaux a en effet écrasé et passé plus d’une fois un ballon ovale. 

Il en a gardé la faconde mais aussi la ténacité, qualité indispensable pour un leader syndical.

 

Parcours étonnant pour ce jeune paysan d’alors :

« J’étais le premier ouvrier de ma famille. 

Quand j’ai dit à mes parents que j’étais syndiqué, ils n’ont pas servi un gâteau pour fêter ça ! J’avais 17 ans quand je suis entré à l’usine avec mon premier bleu de travail et mon pied à coulisse.

Je m’en souviens encore, c’était le 27 avril 1964 et un mois après, j’avais tout compris de la dureté des rapports entre les patrons et les salariés.

On a pourtant l’habitude de la dureté du monde de la terre, mais là c’est différent. Je me souviens aussi que j’ai été tout de suite émerveillé par l’esprit collectif entre les ouvriers. »

 

Il a fait ses premiers pas à la CGT, mais il n’a pas supporté longtemps la pression idéologique. Rebelle dans l’âme, il a pris le même chemin qui le menait plus jeune déjà, à l’école buissonnière. 

Ni l’instituteur ou le curé, ni plus tard l’adjudant n’avaient réussi à le cadrer. 

Ce n’est pas la CGT qui allait le faire !

 

« Un jour, on m’a parlé de FO où on était libre de penser ». 

Son destin venait de s’infléchir. Il lui fallait rattraper le temps perdu.

Il prendra même des cours du soir avec la chambre de commerce, pendant sept ans !

 

A force de travail, il progressera simultanément dans des responsabilités syndicales et professionnelles. 

De toutes ces années, il retient une certitude : « Un syndicaliste n’est pas un marchand de certitude. »

C’est l’un des reproches qu’il formule à l’encontre de la CGT.

 

Il retient aussi de son maître, Louis Blanc, 82 ans, cette phrase : « L’exploitation de la classe ouvrière s’est toujours faite à travers des mots dont ils ont mis trop longtemps à comprendre la signification ».

Derrière cette formule, il vise ce qu’il appelle des “écrans de fumée” qui risquent de conduire au recul de l’âge de la retraite : « On va nous refaire le débat de 2003 sur la pénibilité du travail pour nous faire oublier le reste.

On nous prépare à accepter le cumul d’un emploi avec une petite retraite, comme aux USA. »

Il décode aussi la RGPP (révision générale des politiques publiques) « qui fait reculer la République et fabrique des ghettos ».

 

Il dénonce ces murs qui s’érigent dans le monde, sans rien régler et cette Europe, « trop vite et mal faite ».

 

Quand on évoque le recul du syndicalisme, il enrage contre les nouvelles règles qui permettent aux salariés de déterminer la représentativité d’un syndicat sans y adhérer.

Autour de lui, des tableaux, des affiches et des photos rappellent les luttes passées : « A FO, on se nourrit du passé pour agir ».

 

Ses maîtres ont été Paul Richond, Roger Grosprêtre et son ami, Marc Blondel. 

Une chose est sûre, au muguet du 1 er mai, il préfère l’églantine, la véritable rose sauvage de la Commune de Paris.

D’ici quelques jours, il aura le temps enfin de relire la Résurrection de Tolstoï et bien d’autres livres encore.

 

Franck Bassoleil f.bassoleil@lebienpublic.fr
 
 
 
Retour à l'accueil