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Marchés Financiers
 
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Quand des apprentis sorciers surfent sans scrupule sur la bulle immobilière, c’est toute l’économie qui prend l’eau. 

La chute en cascade des bourses mondiales undefined

n’est qu’un énième avatar du capitalisme financier poussé dans sa caricature. Et le début d’une catastrophe annoncée et trop longtemps minimisée. Cette fois la goutte qui aurait fait déborder le vase boursier, c’est l’annonce la semaine dernière par le président Bush d’un plan de relance de l’économie américaine jugé insuffisant pour éviter une récession.

Mais pour expliquer cette nouvelle tempête financière, il faut surtout remonter à la fin de l’année 2006, date du krach immobilier aux Etats-Unis ayant entraîné la crise dite des «Subprimes». Les «subprimes» sont des prêts hypothécaires à taux variables distribués par les banques et les établissements financiers. Leur particularité, c’est que n’importe quel ménage américain désirant acquérir un bien immobilier, y compris le plus désargenté, pouvait y avoir accès. Une chose rendue possible par la volonté de G.W Bush de faire de chaque Américain un propriétaire en puissance. Dans un premier temps, «l’heureux» acquéreur ne payait que les intérêts de son emprunt (déductibles aux USA), le remboursement du capital pouvant, lui, être différé de plusieurs années. Le jeu consistait alors à vendre au prix fort son logement deux ou trois ans après l’avoir acheté. L’objectif était de solder le capital et d’empocher une plus-value. Tant que les taux d’intérêt étaient au plus bas et que les prix de l'immobilier flambaient, tout allait (à peu près) bien. Mais, dès que le marché s’est retourné en 2006, cela a conduit inévitablement à la faillite ou à la quasi-faillite les emprunteurs. À ce jeu, on a estimé entre 1 et 3 millions le nombre d’américains dans l’incapacité totale d’honorer leur dette à l’été 2007 avant d’être expulsés de leur maison ou de leur logement.

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La complexité des circuits financiers aidant, la situation des organismes préteurs à l’époque était plus difficile à appréhender. Car après avoir refourgué les «subprimes» aux vulnérables candidats à la propriété, ils avaient transformé dans la foulée leurs créances en titre financiers (produits dérivés) négociables sur les bourses mondiales. Des placements en actions, en obligations et même en SICAV, tous censés êtres fort rémunérateurs pour les épargnants (particuliers) ou les spéculateurs de tout poil. Tous ont plongé y compris les banques ou les établissements financiers les plus prestigieux des capitales boursières qui ont acquis sans compter des portefeuilles remplis de titres…en monnaie de singe. Au point que personne ne savait à combien aller se monter les pertes (dépréciation d’actifs). Après les premiers accès de fièvre sur les marchés durant l’été 2007, les organismes financiers se voulaient encore rassurants sur le refrain, «on n’a pas beaucoup mangé de ce pain-là», alors que les banques centrales, notamment la FED (États-Unis) et la BCE (Europe) commençaient à injecter des centaines de milliards de dollars et d’euros pour limiter la casse et tenter d’éviter une crise économique. Peine perdue, au fur et à mesure que les sociétés financières, en particulier les banques s’approchaient de la clôture de leur exercice (bilan de la fin d’année 2007), elles découvraient (ou feignaient de découvrir) l’ampleur des dégâts. Vu les dépréciations d’actifs, les pertes pourraient se chiffrer à des dizaines de milliards, voire des centaines de milliards d’euros dans le secteur bancaire et financier. Certaines vont même y laisser leur peau, à l’image de Richelieu Finance, une société française de gestion de portefeuilles ayant pignon sur rue à Paris; qui a annoncé hier qu'elle était menacée par une crise de liquidité après avoir indiqué une perte 2 milliards d’euros entre la mi-novembre 2007 et la mi-janvier 2008.

La défiance des investisseurs est aujourd’hui telle que plus personne n’ose avancer des fonds sans garanties solides et que les «rehausseurs de crédit», ces sociétés dont l’objet est d'assurer les risques, ne peuvent plus suivre. La crise financière (ou de crédit) s’est naturellement muée en crise économique. Après avoir touché les valeurs financières – à Paris, toutes les grandes banques (BNP, Société générale) ont vu hier leur valeur chuter d’environ 10% – la perte de confiance a gagné d’autres secteurs, comme l'énergie, les transports et la santé. Le processus de dépression semble enclenché. Et une récession n’est maintenant plus exclue aux Etats-Unis. Or on sait qu’une récession entraînera mécaniquement un ralentissement des autres économies, en particulier en Europe. L’administration Bush a bien dévoilé vendredi un plan à court terme de relance de l’économie américaine (environ 150 milliards de dollars, soit 1% du PIB), qui prévoit notamment une défiscalisation d’une partie importante des investissements des entreprises, des crédits d’impôts aux ménages, et une baisse des taux d’intérêt. Mais, selon les acteurs des marchés, il est insuffisant pour réactiver la machine. La règle selon laquelle «on privatise les bénéfices, on socialise les pertes» est toujours autant d’actualité.

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