LE PROBLÈME DU POUVOIR D’ACHAT RESTE ENTIER - 250208
25 févr. 2008
Aucun syndicat de fonctionnaires
n’a accepté finalement la proposition salariale du gouvernement – hausse du point d’indice de 0,5% au 1er mars et 0,3% au 1er octobre – dans la mesure où elle ne couvrira pas le taux officiel de
l’inflation (1,6%) et encore moins les pertes de pouvoir d’achat subies par les agents publics depuis 2000 (-9%). Et ce, contrairement à ce qu’a voulu faire croire le ministère de la Fonction
publique qui s’est félicité jeudi «que la signature de cet accord sur le pouvoir d'achat est le premier depuis 10 ans puisque le dernier accord relatif aux salaires a été conclu en 1998». Une
«piètre opération de communication pour tenter de masquer l’inertie coupable de l’exécutif sur la question des salaires qui reste malheureusement sans réponse.», dénonce la fédération
FO-Fonctionnaires, pour qui «le gouvernement ferait bien de mesurer l’écart entre le slogan de campagne électorale et la réalité du terrain»
En fait, s’il y bien eu des paraphes syndicaux, c’est sur certains éléments d’un accord qui a été partitionné après la négociation du 18 février (voir notre article du 20 février). Souhaitant à
tout prix obtenir des signatures, le ministre Eric Woerth a remodelé son texte afin que chaque partie et sous-partie puisse être avalisée indépendamment les unes des autres. Du coup celui-ci se
décompose en trois relevés de conclusions. Le premier «relatif au nouveau cadre de négociation sur les salaires et le pouvoir d’achat» comprend ainsi trois volets – la «méthodologie de la
négociation salariale» (discussions sur les salaires étalées sur trois ans), le «dispositif individuel de garantie du pouvoir d’achat» et la fameuse «évolution de la valeur du point d’indice» en
2008 – ainsi qu’une annexe relative aux «carrières et aux politiques indemnitaires» (salaire au mérite et intéressement aux suppressions d’emploi). Le deuxième relevé de conclusion est consacré à
l’indemnisation des comptes épargne-temps (rachat des jours de RTT) tandis que le dernier traite de «l’amélioration de la politique sociale pour mieux prendre en compte les besoins des agents»
(logement, restauration, transport).
Ce découpage a permis à la CFTC d’avaliser cinq volets: politiques sociales, compte-épargne temps, méthodologie, carrières et garantie individuelle du pouvoir d'achat (GIPA). La GIPA est ce
mécanisme qui vise à octroyer – tous les trois ans et au cas par cas - une prime aux agents ayant perdu du pouvoir d'achat après avoir comparé l'évolution de leur traitement (ancienneté et
indice) avec l'inflation. Selon M. Woerth, une partie des agents serait ainsi assurés en 2008 de rattraper les pertes subies entre 2003 et 2007. Il faudra attendre 2011 pour effacer celles de la
période 2007-2010… De leurs côtés, la CFDT et la CFE-CGC ont décidé de valider les volets sur la méthodologie, les carrières, les politiques sociales et la GIPA tandis que les autonomes de l’UNSA
ont en approuvé quatre (politiques sociales, méthodologie, carrières et comptes-épargne temps). La CGT doit se prononcer demain.
Enfin, FO et l’autre fédération autonome (FSU) ont décidé d’avaliser uniquement le relevé relatif aux politiques sociales. «Totalement déconnectés du dossier "pouvoir d'achat", le logement, la
restauration, les transports sont des dossiers importants à prendre en compte au profit des agents» a expliqué FO, qui n’en pas moins continué à fustiger toutes les autres mesures «entérinant et
organisant la perte de pouvoir d'achat alors que l’inflation n’a jamais été aussi forte depuis 16 ans». Pour elle, «toutes les mesures mises en avant», telle que la GIPA «sont faites pour masquer
les vrais objectifs du gouvernement, mettre à plat tout le système collectif de rémunérations, le statut, le principe de carrière» au profit de «l'individualisation, de l'intéressement
individuel». Depuis, FO s’est dite déterminée «à organiser la mobilisation des salariés pour imposer la satisfaction des revendications et une répartition des richesses en faveur des
salaires».