Réforme de l’Etat

Plusieurs milliers de fonctionnaires ont cessé le travail et manifesté jeudi contre les projets «scélérats et nocifs pour le service public» qui sont concoctés dans le cadre de la révision générale des politiques publiques.

 
On l’appelle la révision générale des politiques publiques (RGPP). Et on n’a pas fini d’entendre parler de cette réforme aux forceps de l’Etat en gestation à l’Elysée et à Matignon. A travers ses premières orientations dénoncées au fil des semaines par les mobilisations des syndicats de fonctionnaires, on aura tôt fait de mesurer d’un ministère à l’autre les risques qu’elles font planer sur pérennité du service public.

Après les fonctionnaires du ministère de l'Écologie, du Développement et de l'Aménagement Durables (Voir notre article du 10 mars 2008), ce sont les personnels du ministère de la Culture qui se sont mobilisés jeudi dernier contre les projets «scélérats et nocifs pour le service public», à l’appel leurs organisations (FO, CFDT, CFTC, CGT et autonomes). Avec environ «2.000 personnes» à la manifestation nationale à Paris et «un nombre très important de services et d'établissements en grève, fermés ou fortement perturbés», les syndicats se sont félicités d’avoir réussi «une mobilisation des plus puissantes qu'a connues le ministère». En raison de la grève des conservateurs, archéologues, bibliothécaires, techniciens ou administratifs des musées, des établissements culturels comme ceux de Cluny, Ecouen, St-Germain, Chagall à Nice ou le château de Pau, sont restés ainsi fermés, d'autres (Picasso, Fontainebleau, Orsay…) ont été très perturbés tandis que des directions régionales de l'action culturelle (DRAC) étaient occupées. Cette «forte mobilisation n’est pas étonnante» explique Roger Martinez du syndicat national des affaires culturelles FO (SNAC-FO), car les orientations de la RGPP, si elles devaient un jour se concrétiser, le ministère de la Culture serait réduit à sa plus simple expression».

Selon les syndicats, la RGPP, prévoit «le démantèlement et la fusion des dix directions et délégations d'administration centrale (patrimoine, arts plastiques, archives, spectacles…)», la fragilisation des «services déconcentrés du ministère (Directions régionales des affaires culturelles et Services départementaux de l'architecture et du patrimoine) et «la liquidation annoncée du réseau des musées nationaux». Pour ces derniers, un projet envisage notamment de les transformer en «agences de service public», sortes d'établissements autonomes qui acteraient leur externalisation finale. Le ministère entend d’ailleurs amorcer le mouvement en voulant faire assumer à partir de mai certaines tâches d'accueil et de surveillance interne dans les musées par des entreprises privées. Pour les syndicats, avec les milliers de suppressions d’emplois à la clé, tous les projets du gouvernement font peser de sérieuses menaces sur les missions de service public et l'avenir des personnels du ministère.

L'objectif de cette politique «est fondamentalement de remettre en cause la légitimité de l'engagement historique de l'Etat en matière de promotion de la diversité culturelle, de soutien à l'action culturelle, d'aménagement et de maillage du territoire, aux fins non avouées de livrer la culture à la logique du marché», dénoncent-ils. Un désengagement de l’Etat qui se fait déjà sentir avec la baisse des subventions sur le terrain et contre lequel les acteurs du monde de la culture et du spectacle vivant ont notamment manifesté le 29 février dernier.

A l’issue de la mobilisation de jeudi, une délégation de représentants syndicaux a été reçue par le cabinet du Premier ministre, François Fillon, où on leur a servi «les poncifs» de la RGPP sur la nécessité d’avoir un Etat «efficace et économe». Désormais, se pose la question de la «grève à la Culture élargie à toutes les fonctions publiques pour construire une riposte interministérielle contre des mesures de destruction interministérielles», a indiqué Roger Martinez (SNAC-FO). Pour l’ensemble des syndicats, c’est, semble-il, le seul moyen de stopper cette «véritable machine de guerre» lancée contre le service public.


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