LME :
UN TEXTE SURVENDU QUI NE VA PAS DOPER LA CROISSANCE ET QUI CONTOURNE LA QUESTION DU POUVOIR D’ACHAT 
 
A l’issue d’un marathon législatif, le texte sur la loi de modernisation de l’économie (LME) a donc été adopté hier en seconde lecture au Sénat. A écouter la Ministre de l’Economie, cette loi est censée apporter un soutien massif et rapide à la croissance et au pouvoir d’achat, et ce dès 2009, avec pas moins de « 1.000 euros supplémentaires par an et par ménage ».

Force Ouvrière est loin de partager l’enthousiasme gouvernemental. Le vote de cette loi intervient au moment où les dernières statistiques relatives aux dépenses de consommation témoignent des difficultés économiques croissantes des ménages, contraints de restreindre leurs achats, y compris en période de solde…

Dans un contexte où la faiblesse du pouvoir d’achat demeure une préoccupation brûlante, le gouvernement agite, après les heures supplémentaires et le développement de l’intéressement, la promesse d’une baisse des prix. Pour la CGT-Force Ouvrière, ces effets d’annonce présentent un air de déjà-vu avec les négociations fort médiatiques de 2004 entre distributeurs et fournisseurs, sous l’égide du ministère de l’Economie… pour un effet réel sur les prix très limité et non pérenne.

Cette fois, c’est la libéralisation tarifaire dans les relations commerciales entre acteurs, associée à l’assouplissement des règles de l’urbanisme commercial, qui doit assurer le meilleur prix au consommateur. Ces postulats sur les bienfaits de la concurrence négligent la réalité du rapport de force entre distributeurs et fournisseurs, selon qu’ils soient dominants ou dominés, et passe sous silence l’impact potentiel en termes de destructions d’emplois et de dégradation des conditions de travail.

  De son côté, la banalisation du livret A, désormais ouvert à tous les opérateurs bancaires selon les vœux de Bruxelles, s’assoit sur la vocation sociale de ce produit financier atypique et porte un coup sévère à l’épargne populaire, alors que la menace d’une privatisation de La Poste s’intensifie, la banque postale ayant déjà en partie rompu avec le rôle historique de réseau bancaire des populations les plus fragiles.

Au total, Force Ouvrière déplore que derrière l’inévitable vocable moderniste qui sied à toute nouvelle mesure gouvernementale se nichent de réels reculs sociaux et rappelle que la croisade pour la baisse des prix ne doit pas détourner la problématique du pouvoir d’achat de son enjeu principal, à savoir les revendications salariales.


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