Heineken
À l’appel de FO, environ 80 % des ouvriers de la brasserie de Mons-en-Baroeul (Nord) se sont mis en grève la semaine
dernière pour dénoncer une course au rendement ayant conduit à une dégradation sans précédent des conditions de travail.
«Trop, c’est trop !
À un moment donné, il faut dire stop !».
À Mons-en-Baroeul (Nord), les salariés de la brasserie hollandaise Heineken ont fait grève en masse, le 28 janvier dernier, pour exiger une amélioration de leurs
conditions de travail.
Environ 80 % des personnels sur les 234 que compte cette usine de la zone industrielle de la Pilaterie ont suivi, ce jour-là, le mouvement organisé par les
syndicats, notamment FO.
Le climat social s’est dégradé progressivement après la mise en oeuvre des plans sociaux de 2005 et 2008 ayant contraint au départ des dizaines de salariés, explique
le délégué syndical FO, Jean-François Mastin. «La direction de l’usine s’est lancée depuis dans une course au rendement avec un chronomètre à la main», résume-t-il. Il a fallu alors faire plus
avec moins.
Chez Heineken, la productivité se mesure en nombre de litres de bière produits par jour et par ouvrier.
«Avant la norme, c’était à peu près 100 hectolitres par tête de pipe.
Aujourd’hui, la hiérarchie met la pression afin que les salariés soient toujours au-dessus, en rehaussant régulièrement les objectifs de production.
Et ce parfois à un point tel qu’un ouvrier peut être amené à réaliser la charge de travail de trois personnes», souligne le syndicaliste.
Tous les moyens sont bons pour faire du chiffre: «on les fait courir dans tous les sens. La pression est constante, y compris pendant les pauses qui sont
tournantes.
Ainsi, à l’heure du déjeuner, la cadence doit être maintenue quel que soit le niveau d’effectif présent sur les lignes de production».
À la brasserie, tous se demandent maintenant dans quel état ils vont finir s’ils devaient continuer à travailler dans des conditions pareilles. Par moments, la
situation vire carrément au harcèlement moral. «Il n’est pas rare qu’on culpabilise un employé parce qu’il est tombé malade», soupire Jean-François Mastin (FO), pour qui, les salariés réclament
respect et dignité.
L’ampleur du mouvement de mécontentement a fini par pousser la hiérarchie de l’usine à tenir compte des plaintes du personnel.
Elle s’est rapprochée de la direction centrale de Heineken basée aux Pays-Bas pour s’autoriser à engager des discussions avec les syndicats. Deux réunions sont
prévues cette semaine à Paris avec une des huiles hollandaises du groupe.
«Au préalable, nous exigerons l’embauche immédiate d’une vingtaine de CDI à temps plein afin de soulager les salariés en poste», a prévenu FO, avant de rappeler que
«si la grève a été suspendue mercredi, elle peut reprendre à tout moment».
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