L'UNION DEPARTEMENTALE FORCE OUVRIERE DE COTE D'OR COMMUNIQUE :
« J'ESPÈRE PLUS DE 500 000 MANIFESTANTS»
Quelle mobilisation attendez-vous demain?
Jean-Claude Mailly: J'espère plus de 500 000 manifestants. La mobilisation sera forte parce que les salariés sont inquiets. Et cette fois, l'appel à l'action a été lancé par l'ensemble des cinq organisations syndicales. Il va aussi y avoir des arrêts de travail importants, que ce soit dans les transports, comme à la SNCF ou à Air France, les services publics, ou dans la fonction publique. Mais aussi dans le privé où il y aura ici et là des débrayages. Ce sera un test fort.
Malgré cet appel commun, vous n'êtes pas tous sur la même longueur d'onde. Qu'est-ce qui différencie FO des autres?
Jean-Claude Mailly: FO s'oppose clairement à l'allongement de la durée de cotisation à 41 ans. Même si le gouvernement annonçait de nouvelles mesures en faveur du maintien des seniors au travail, nous ne l'accepterons pas. D'autres, qui ont soutenu la réforme de 2003 comme la CFDT, se montrent un peu plus souples. Pour nous, rester à 40 ans, c'est faisable économiquement. Nous l'avons expliqué à Xavier Bertrand, le ministre du Travail. Mais le gouvernement s'arc-boute, affirmant que cet allongement était prévu dans la réforme Fillon de 2003. Une réforme que FO n'a pas soutenue. Or ce texte disait aussi, « sauf éléments nouveaux ». Des éléments nouveaux, il y en a : le taux d'emploi des seniors en France est toujours à 38 % alors que les gouvernements précédents s'étaient engagés à atteindre les 50 %. Et ce, malgré les mesures qui ont été prises depuis.
Quoi qu'il en soit, il va bien falloir combler un déficit des caisses de retraite de 10 milliards en 2012...
Jean-Claude Mailly: Rester à 40 ans coûterait un peu plus de 4 milliards d'euros pour le public et le privé. Si l'on n'est pas capable de dégager cette somme à l'horizon 2020, alors là je m'interroge fortement sur la capacité du gouvernement à mener une politique économique cohérente. Il a bien réussi en quelques mois à trouver 15 milliards d'euros pour le paquet fiscal. L'abandon de l'impôt sur les revenus sur les dividendes coûte 500 millions d'euros par an, la suppression de l'impôt forfaitaire pour les PME, 1,3 milliard par an... Là, le gouvernement ne pourrait pas trouver le financement pour les retraites ? Les conséquences de cet allongement, nous les connaissons. Cela vise à faire baisser encore plus le niveau des retraites des salariés. Seront pénalisés en priorité les jeunes, qui commencent à travailler à 21,5 ans, mais surtout les femmes dont beaucoup n'arrivent déjà pas aujourd'hui à atteindre les 40 ans de cotisations.
Face à la détermination du gouvernement, quelle est votre marge de manoeuvre aujourd'hui?
Jean-Claude Mailly:On a donné des pistes de financement. Il y a 100 milliards d'euros de profits non réinvestis, il serait logique d'augmenter l'impôt sur les sociétés, ou de mettre une taxe sur les profits de l'ordre de 3 %, ce n'est pas énorme. Cela ferait 3 milliards d'euros de recettes par an. Le gouvernement refuse de les examiner. La seule issue, c'est la mobilisation.
Le climat social se prête-t-il à une mobilisation durable?
Jean-Claude Mailly: Il y a toute une série de mécontentements qui s'expriment un peu partout, sur les retraites, les salaires, le pouvoir d'achat. Ça n'a pas commencé il y a quinze jours. Malgré les promesses, rien n'a changé. Les gens ne s'y retrouvent plus. Quand il y a une situation de ce type, il faut que cela s'exprime à un moment ou un autre. Même si l'histoire ne se répète pas. On va déjà mesurer la mobilisation du 22 mai, voir les modalités de l'action avec les autres organisations. Je n'exclus rien pour la suite.
Que pensez-vous du couac sur les 35 heures?
Jean-Claude Mailly: Je ne suis pas persuadé que ce soit un couac de communication. M. Bertrand et M. Devedjian se parlent et connaissent les positions des uns et des autres. Cela ressemble plus à une opération de diversion. Pendant ce temps-là, on ne parle pas d'autre chose. Mais dans le même temps, le gouvernement confirme qu'on va bien déroger aux 35 heures dans les entreprises. Demain, selon l'entreprise dans laquelle on travaillera, on aura des horaires de travail, voire des conditions de travail et une protection sociale qui pourront être différentes. C'est ça, le modèle anglo-saxon.
ROPOS RECUEILLIS PAR CATHERINE GASTE-PECLERS
Jean-Claude Mailly: J'espère plus de 500 000 manifestants. La mobilisation sera forte parce que les salariés sont inquiets. Et cette fois, l'appel à l'action a été lancé par l'ensemble des cinq organisations syndicales. Il va aussi y avoir des arrêts de travail importants, que ce soit dans les transports, comme à la SNCF ou à Air France, les services publics, ou dans la fonction publique. Mais aussi dans le privé où il y aura ici et là des débrayages. Ce sera un test fort.
Malgré cet appel commun, vous n'êtes pas tous sur la même longueur d'onde. Qu'est-ce qui différencie FO des autres?
Jean-Claude Mailly: FO s'oppose clairement à l'allongement de la durée de cotisation à 41 ans. Même si le gouvernement annonçait de nouvelles mesures en faveur du maintien des seniors au travail, nous ne l'accepterons pas. D'autres, qui ont soutenu la réforme de 2003 comme la CFDT, se montrent un peu plus souples. Pour nous, rester à 40 ans, c'est faisable économiquement. Nous l'avons expliqué à Xavier Bertrand, le ministre du Travail. Mais le gouvernement s'arc-boute, affirmant que cet allongement était prévu dans la réforme Fillon de 2003. Une réforme que FO n'a pas soutenue. Or ce texte disait aussi, « sauf éléments nouveaux ». Des éléments nouveaux, il y en a : le taux d'emploi des seniors en France est toujours à 38 % alors que les gouvernements précédents s'étaient engagés à atteindre les 50 %. Et ce, malgré les mesures qui ont été prises depuis.
Quoi qu'il en soit, il va bien falloir combler un déficit des caisses de retraite de 10 milliards en 2012...
Jean-Claude Mailly: Rester à 40 ans coûterait un peu plus de 4 milliards d'euros pour le public et le privé. Si l'on n'est pas capable de dégager cette somme à l'horizon 2020, alors là je m'interroge fortement sur la capacité du gouvernement à mener une politique économique cohérente. Il a bien réussi en quelques mois à trouver 15 milliards d'euros pour le paquet fiscal. L'abandon de l'impôt sur les revenus sur les dividendes coûte 500 millions d'euros par an, la suppression de l'impôt forfaitaire pour les PME, 1,3 milliard par an... Là, le gouvernement ne pourrait pas trouver le financement pour les retraites ? Les conséquences de cet allongement, nous les connaissons. Cela vise à faire baisser encore plus le niveau des retraites des salariés. Seront pénalisés en priorité les jeunes, qui commencent à travailler à 21,5 ans, mais surtout les femmes dont beaucoup n'arrivent déjà pas aujourd'hui à atteindre les 40 ans de cotisations.
Face à la détermination du gouvernement, quelle est votre marge de manoeuvre aujourd'hui?
Jean-Claude Mailly:On a donné des pistes de financement. Il y a 100 milliards d'euros de profits non réinvestis, il serait logique d'augmenter l'impôt sur les sociétés, ou de mettre une taxe sur les profits de l'ordre de 3 %, ce n'est pas énorme. Cela ferait 3 milliards d'euros de recettes par an. Le gouvernement refuse de les examiner. La seule issue, c'est la mobilisation.
Le climat social se prête-t-il à une mobilisation durable?
Jean-Claude Mailly: Il y a toute une série de mécontentements qui s'expriment un peu partout, sur les retraites, les salaires, le pouvoir d'achat. Ça n'a pas commencé il y a quinze jours. Malgré les promesses, rien n'a changé. Les gens ne s'y retrouvent plus. Quand il y a une situation de ce type, il faut que cela s'exprime à un moment ou un autre. Même si l'histoire ne se répète pas. On va déjà mesurer la mobilisation du 22 mai, voir les modalités de l'action avec les autres organisations. Je n'exclus rien pour la suite.
Que pensez-vous du couac sur les 35 heures?
Jean-Claude Mailly: Je ne suis pas persuadé que ce soit un couac de communication. M. Bertrand et M. Devedjian se parlent et connaissent les positions des uns et des autres. Cela ressemble plus à une opération de diversion. Pendant ce temps-là, on ne parle pas d'autre chose. Mais dans le même temps, le gouvernement confirme qu'on va bien déroger aux 35 heures dans les entreprises. Demain, selon l'entreprise dans laquelle on travaillera, on aura des horaires de travail, voire des conditions de travail et une protection sociale qui pourront être différentes. C'est ça, le modèle anglo-saxon.
ROPOS RECUEILLIS PAR CATHERINE GASTE-PECLERS
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