Force Ouvrière de Côte d'Or

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INFORMATION PRUD'HOMMES 2008 : David contre Goliath - 130408

Publié le 13 Avril 2008 par UDFO21 in AFOC 21



 L'UNION DEPARTEMENTALE FORCE OUVRIERE DE COTE D'OR COMMUNIQUE :

David contre Goliath
> LA PETITE FROMAGÈRE AMÉRICAINE

Aux États-Unis, les syndicats sont interdits dans la grande distribution alimentaire. Une femme seule a déclenché un mouvement de révolte et fait condamner son employeur.

En 1991, Stéphanie Odle entre au rayon fromages d’un Sam’s Club de Dallas, filiale de petites surfaces appartenant au géant américain de la grande distribution Wal-Mart, qui pèse 312 milliards de dollars de chiffre d’affaires et emploie 1,2 million de personnes d’employés aux États-Unis. Stéphanie accepte de travailler 70 heures par semaines et, au nom de la mobilité, déménage neuf fois, pour un salaire de misère (5 dollars de l’heure).

Quand elle demande une augmentation de salaire ou une promotion, elle est menacée de licenciement. Impossible de chercher l’aide des syndicats, ces derniers sont interdits chez Wal-Mart. À chaque revendication des employés, des gros bras du siège de Bentonville, dans l’Arkansas, débarquent d’un avion et frappent les grévistes. En 1999, Stéphanie, à bout, démissionne mais n’abandonne pas la lutte. Elle trouve un cabinet d’avocats au Nouveau Mexique qui engage une «class action», qui consiste à rassembler les plaintes d’un groupe de victimes pour attaquer collectivement une institution ou une entreprise. Les avocats prouvent que Wal-Mart paie ses employées 15% de moins que ses employés hommes. L’entreprise économise ainsi 500 millions de dollars par an sur le dos de ses salariées. Les avocats entament alors une action au nom des deux millions de femmes qui ont travaillé pour le distributeur depuis 1998.

LA VICTOIRE DU POT DE TERRE

La plainte est déposée en juin 2001. Stéphanie est rejointe par deux autres caissières californiennes, qui sont aussitôt harcelées. En juillet 2004, les femmes de Wal-Mart, de plus en plus nombreuses à rejoindre le combat de Stéphanie, remportent une première victoire. Les juges de la cour fédérale de San Francisco confirment la validité de la «class action». À noter que cette procédure n’est pas encore légale en France, malgré les demandes réitérées de l’Association FO des consommateurs, l’AFOC, et des autres associations de consommateurs. À noter, surtout, que les conseils de prud’hommes ont vocation à faire respecter les droits des salariés d’une manière plus directe.

Mais Wal-Mart fait appel en avançant des arguments spécieux: «Si les employées ne font pas carrière, c’est parce qu’elles ne sont pas assez ambitieuses et qu’elles sont moins mobiles que les hommes». En 2006, l’employeur perd sa procédure d’appel. L’affaire va être prochainement jugée. Wal-Mart risque cinq milliards de dollars de dommages et intérêts pour indemniser ses deux millions de caissières et autres petites fromagères surexploitées. En terme d’image, le distributeur risque d’en prendre «plein la tête». Aux États-Unis et ailleurs, Wal-Mart est devenu le symbole de l’entreprise mondialisée cupide et inhumaine.

Après la première grande grève récente dans les hypermarchés français, les Carrefour, Auchan et autres Leclerc devraient méditer le combat de la petite fromagère texane qui, grâce à son opiniâtreté, va obtenir le juste dédommagement de deux millions de femmes surexploitées.
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