Force Ouvrière de Côte d'Or

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Migration et intégration dans l’Union Européenne

Publié le 10 Mars 2007 par UDFO21 in udfo21

  

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Intervention de Gilbert MARPEAUX Secrétaire Général

  de l’Union Départementale CGT-FO de Côte d’Or (France)

 Séminaire international organisé par l’UGT-PV

 Migration et intégration dans l’Union Européenne

 Alicante du 28 février au 02 mars 2007

 

  

 

 

  Mes cher(e)s camarades, mes cher(e)s ami(e)s

  Je vous apporte le salut fraternel et amical des adhérents de l’Union Départementale des syndicats CGT-FO de Côte d’Or et plus largement de la Confédération Générale du Travail FORCE OUVRIERE.

  Je remercie Rafaël RECUENCO de son invitation à ce séminaire et je suis très heureux d’être parmi vous tous.

 Il ya un million d’année pour satisfaire les besoins de son estomac et chercher de la nourriture HOMO SAPIENS notre ancêtre direct (qui serait apparu dans la corne de l’Afrique) s’est mis debout pour voir plus loin et repérer ses proies et il s’est mis à marcher. Il a commencé avec son groupe et sa famille une véritable migration sur toute la planète.

 Les seules frontières qu’il rencontrait c’était des barrières naturelles.

 Il a pratiquement parcouru le globe, franchi des fleuves des montagnes des mers la banquise gelée etc. tout cela pour chercher de meilleures conditions de vie et d’existence pour lui et les membres de son groupe.

 Il a affronté des difficultés environnementales hostiles incroyables à l’époque.

 On trouve des traces de ses déplacements et de son passage dans le mode entier aujourd’hui.

 Il était à la recherche d’un climat plus favorable, de la nourriture plus abondante.

 En permanence avec son groupe il a quitté des zones de nourritures épuisées pour en chercher d’autres plus riches.

 Au cours de ce processus de migration de nombreux membres trouvaient la mort et l’effectif du groupe se réduisait en permanence

 Ce qui guidait le pas de notre ancêtre, c’était toujours et encore le besoin de remplir son estomac, le besoin de meilleures conditions d’existence ajouté au besoin naissant de découvrir de nouveaux horizons.

Mes cher(e)s amis avec cette présentation introductive je voudrais vous démontrer la grande similitude qui existe au niveau de la motivation chez nos ancêtres il y a  1 million d’années et les raisons qui poussent des milliers de gens aujourd’hui à quitter leur lieu de naissance pour émigrer vers d’autres pays où ils espèrent vivre mieux.

  Sur le fond  y a-t-il une grande différence avec les motivations de nos ancêtres HOMO SAPIENS et celles d’un jeune sénégalais aujourd’hui qui avec ses camarades répare une vieille pirogue de pêcheur à Dakar pour affronter la mer sans équipement de navigation et cherche à accoster aux Iles Canaries, en Espagne donc en Europe.

 Y a-t-il une grande différence entre un jeune magrébin  qui attend des jours et des jours l’occasion pour franchir la haie de barbelés dans les enclaves en face du rocher de Gibraltar et traverser le détroit au péril de sa vie.

 Y a-t-il une grande différence entre les jeunes des populations subsahariennes qui ont traversé le Sahara, le désert de Lybie, embarqué sur des bateaux en mauvais état, traversé la Méditerranée pour accoster en Sicile ou au sud de l’Italie.

 Y a-t-il une grande différence entre ces albanais qui ont payé des passeurs mafieux pour traverser la mer Adriatique et accoster aux environs de Bari en Italie.

 Y a-t-il une grande différence entre ces travailleurs mexicains qui franchissent chaque nuit la frontière pour entrer aux USA.

  Y a-t-il une grande différence dans la démarche de ces hommes kosovars, moldaves, kurdes, irakiens, iraniens, ukrainiens, etc. qui sont bloqués en France à Calais pendant des mois dans des conditions atroces et harcelés par la police en attendant de traverser la Manche par tous les moyens.

 Ils attendent dehors dans le froid et la pluie depuis la fermeture du centre de  Sangate par Nicolas SARKOZY (partisan de l’immigration choisie et contrôlée) – ces gens sont aidés malgré tout par la population et les associations humanitaires – ils guettent le moment de pouvoir se glisser sans se faire prendre dans un bateau, un camion, ou l’Eurostar et accoster dans ce grand pays ultra libéral qu’est l’Angleterre.

 

 

 

 

 

  

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 Ce grand pays sans pratiquement de réglementation du travail, c’est l’Eldorado du travail clandestin. Tous ces gens, toutes ces populations font mouvement et se déplacent pour une immigration forcée en espérant mieux vivre,  fuir des régimes politiques déstabilisés, la misère et la souffrance quotidienne.

 

 Tout comme nos ancêtres il y a 1 million d’années les migrants d’aujourd’hui quittent leur terre natale pour chercher de meilleures conditions d’existence contraints et forcés par la misère.

 Sur le fond on peut donc constater qu’il n’y a rien de changer en 1 million d’années.

 Il faut constater aujourd’hui que rien ni personne, pas plus les politiques que les murs quelque soit leur hauteur comme à Berlin dans le passé, en Palestine aujourd’hui ou à la frontière du Mexique et des Etats-Unis, quelque soit l’épaisseur des barbelés, quelque soit la vigilance des gardes côtes ou des douaniers, rien ne pourra empêcher des hommes qui meurent de faim et qui soufrent la misère dans leur pays de chercher à émigrer dans un pays où ils espèrent mieux vivre.

 Il s’agit bien d’un véritable problème économique dans son fondement  qui se transforme en problème politique ensuite.

 Le monde bouge, les communications sont plus faciles aujourd’hui (radio, télé, internet) et tous ces moyens de transmission des informations ne tiennent plus compte des frontières qui sont les cicatrices de l’histoire et bien souvent de l’histoire coloniale.

 

 

 

 

 

  Pour les populations en situation de misère dans leur pays, les émissions de télévision en particulier présentent les pays d’Europe comme un rêve, un Eldorado où la vie est facile et agréable et cela incite les gens à tenter l’aventure de l’émigration.

 Ils ont donc une vision faussée de la situation de l’emploi en Europe car on sait tous que la réalité est tout autre et les difficultés nombreuses.

 Ces gens sont donc trompés involontairement par les médias.

 Il faut également remarquer que dans beaucoup de cas les migrants viennent de pays qui sont nos anciennes colonies, c’est le cas de la France en particulier.

 Il faut reconnaître que les structures néocolonialistes qui ont été mises en place dans les différents pays ayant accédé à l’indépendance ont été des systèmes qui ont protégé les intérêts des anciens colonisateurs, qui ont permis l’exploitation par ceux-ci des ressources notamment des matières premières (charbon- métaux-pétrole) etc.

 tout cela sans apporter de réel progrès économique et surtout social dans ces pays ayant accédé à l’indépendance.

 Force est de constater que le progrès en matière de démocratie, le progrès économique et social n’est  pas au rendez-vous et c’est là dans beaucoup de cas la raison première qui provoque l’émigration des populations de ces pays en particulier vers l’Europe.

 Nous avons occupé ces pays pendant longtemps et les liens culturels, affectifs, économiques, sont très forts et très vivaces aujourd’hui en particulier la langue.

 Nous nous sommes installés dans ces pays par la force en colonisateur, en dominateur.

 Aujourd’hui le mouvement s’inverse ; ces colonisés d’hier veulent venir chez nous aujourd’hui et la encore. Ils seront dominés et exploités. Le constat est dramatique pour nous syndicalistes internationalistes aujourd’hui.

  Notre vieille Europe s’est construite et la France en particulier par des vagues successives de colonisateurs qui étaient aussi des conquérants et des migrants : les Francs, les Ostrogoths, les Visigoths, les Burgondes, les Normands, etc. ils ont construit notre pays, il y a longtemps.

 Plus récemment la France a été aussi fortement influencée par diverses cultures avec des travailleurs que l’on a fait venir ou laisser facilement  venir en France dans un passé plus récent : les Italiens (surtout dans le bâtiment), les Polonais (dans la métallurgie et les mines), les Républicains Espagnols (principalement dans les forets et l’agriculture), les Portugais (dans le bâtiment et l’agriculture), les Marocains Algériens Tunisiens (dans l’industrie), les Turcs (dans le textile et aujourd’hui dans le bâtiment), les hommes et femmes de l’Afrique Noire (dans le commerce, la santé et les entreprises de gardiennage et de propreté), etc.

 La France Pays des Droits de l’Homme a une tradition très forte d’accueil des populations immigrées en particulier pour les réfugiés politiques.

 Aujourd’hui dans notre pays la volonté d’accueil des populations immigrées est toujours forte dans l’opinion publique.

 Mais ce sont les outils d’intégration qui ne sont plus au rendez-vous, surtout le manque d’emploi aujourd’hui.

 Le taux de chômage important en France est utilisé par les partis politiques de droite et d‘extrême droite pour développer une idéologie raciste et un sentiment anti-étranger.

 Ils disent : la France d’abord, ils prennent le travail des Français, ils vivent de l’aide sociale, etc.

 Toute cette idéologie négative et raciste est un vrai danger politiquement et économiquement pour notre pays et nous syndicalistes nous devons nous y opposer résolument.

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    Mes cher(es) ami(e)s, chers camarades,

 Voila pour le constat rapide que je peux faire de la situation française dans la  campagne électorale actuelle.

 Le dossier de l’immigration devient un problème en un enjeu politique alors qu’il s’agit à l’origine d’un problème économique, d’un problème de niveau de vie

 Pour donner un coup  d’arrêt à cette machine infernale il faudrait un véritable dialogue Nord-Sud, une véritable coopération politique et économique, des échanges commerciaux respectant et procurant un niveau de vie décent pour les pays producteurs.

 Tous ces pays qui produisent l’immigration forcée par la faiblesse du niveau de vie de leur population devraient normalement pouvoir vivre de leurs exportations.

 Au contraire c’est les pays qui organisent l’importation des produits qui bénéficient des marges bénéficiaires.

 Le grave  problème pour tous ceux qui ont choisi d’immigrer en Europe, contraints  par la misère dans leur pays, c’est de pouvoir accéder ou non à un niveau de vie correcte dans le pays où ils ont émigré. C’est en fait la clé d’une intégration réussie ou non.

 

 

 

 

 

   Dans un pays comme la France quels sont les outils d’intégration les plus importants :

 -         l’emploi avec un vrai travail, un vrai salaire pour mener une vraie vie

-         le logement avec un logement décent et correct avec le confort de base

 -         la santé avec le bénéfice de la sécurité sociale, caisse de mutuelle, etc.

 -         l’éducation avec la scolarisation normale et du soutien scolaire pour les enfants des cours d’aide à la pratique orale et écrite de la langue

 -         l’accueil au travail avec de la formation aux postes de travail, un salaire décent en respectant le droit du travail et les garanties collectives à l’identique de  tous les autres salariés.

 Si ces conditions minimums ne sont pas mises à la disposition de ces gens, ils tombent dans le  travail clandestin, exploités par des employeurs mafieux et sans scrupules.

 De plus tout le monde les accuse alors de fausser et de casser le marché du travail déjà très difficile actuellement.

  Sur le plan social ils tombent dans la vie clandestine permanente avec tous les dangers que cela représente.

  Les travailleurs migrants ne doivent pas être utilisés par les employeurs comme des outils de concurrence par rapport aux autres catégories de salariés notamment avec la pratique d’un salaire inférieur, des contrats de travail précaires, des durées de travail  flexibles et plus importantes.

 Nous avons, nous syndicalistes, à nous battre pour le respect de nos camarades immigrés, pour eux-mêmes bien sûr mais également pour nous afin que les patrons ne les utilisent pas à des fins de concurrence pour baisser le coût du travail, freiner les revendications et le progrès social dans nos pays respectifs.

 Et puis mes camarades nous devons les accueillir dans nos syndicats à égalité de droit et de place dans nos structures syndicales.

  Notre respect de tous les travailleurs sans aucune forme de discrimination et notre sensibilité forte pour l’internationalisme ouvrier doivent nous guider dans nos démarches et notre attitude chaque jour dans notre action syndicale.

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   Mes cher(es) ami(e)s, aussi cher(e)s camarades,

 Pour terminer mon intervention je voudrais offrir à votre réflexion quelques phrases importantes contenues dans la déclaration universelle des Droits de l’Homme

 Article 15

 1 - Tout individu a droit à une nationalité

 2 - Nul ne peut être arbitrairement privé de sa nationalité ni du droit de changer de nationalité

   

Article 23

 1 – toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à ces conditions équitables et satisfaisantes de travail et la protection contre le chômage.

 2 – tous ont droit sans aucune discrimination à un salaire égal pour un travail égal.

   Merci de votre attention

 Je vous souhaite de bons débats riches et fructueux.

    Alicante

 Le 01 mars 2007

  

 

 

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